C’est bien connu, l’Internet ne s’arrête jamais, et les réseaux sociaux ne s’endorment pas à l’ombre des cocotiers. Récemment Cyroul analysait une des tendances de l’été : le détournement d’identité en ligne, notamment pour les personnalités. Une problématique centrale, qui prend une importance redoublée pour les ONG soumises à des critères éthiques plus forts et des enjeux d’image différents.
Ce que nous apprend Cyroul (et que l’on défend aussi:)
Premier enseignement, plus l’on est connu IRL (dans la « vraie vie ») plus l’on a de chance d’être un sujet de discussion sur les réseaux sociaux. C’est un peu comme dans la file d’attente à la boulangerie : on engage plus la discussion sur l’état de santé de Steve Jobs Johnny que sur le mariage de sa belle-mère.
Les blogueurs, facebookeurs ou autres twittos parlent donc beaucoup des « gens connus ». Or, le web a ceci de particulier qu’il est génétiquement taquin. C’est ce que l’on appelle le « lol », issu d’une fâcheuse tendance au détournement qui trouve avec l’information un matériau de prédilection.
De nombreux comptes « fake » sont ainsi apparus : hommes politiques, pipoles d’un jour de la télévision ou stars mondiales, de nombreux faux profils existent sur les réseaux sociaux. Ils sont autant d’avatars, plus ou moins identifiables, qui prennent la parole pour singer ou dénoncer les personnalités dont ils utilisent l’image.
Ce qui est particulier pour les ONG : la confiance du public sur des sujets sensibles
Les ONG ne sont pas en reste en termes de notoriété en ligne, qu’elles prennent ou non spécifiquement la parole sur les réseaux sociaux. Il arrive d’ailleurs que nous découvrions parfois des profils d’associations ouverts en leur nom… dont elles ignorent jusqu’à l’existence. On ne répètera jamais assez : il faut écouter ses publics en ligne.
La question de l’usurpation d’identité est d’autant plus complexe pour les ONG que les thématiques abordées engagent bien plus que la réputation de personnes individuelles. Les associations prennent la parole sur des sujets complexes et sensibles, qui touchent à l’humain. On imagine les dégâts que pourrait causer un compte fake d’une ONG racontant une intervention sur le terrain d’une catastrophe naturelle…
Plus important encore, les ONG sont écoutées. Elles bénéficient d’une sympathie et d’une confiance importante de la part du public, qui les reconnaît comme étant légitimes sur les thématiques qu’elles défendent. La « distance critique » réclamée justement par Cyroul à la fin de son article est donc d’autant plus difficile à garder. D’une certaine façon, les ONG sont donc des cibles particulièrement vulnérables aux comptes comptes « fake », dont il s’agit de surveiller l’apparition.
Cependant, attention à ne pas rejeter en bloc ces actions de détournement. S’il existe des risques, n’oublions pas que la parodie et la forme d’humour permises dans la galaxie web peuvent aussi constituer un levier d’action pour les ONG. A la manière des YesMen, certains hacktivistes ont parfois pris la parole sur Internet en se faisant passer des entreprises pour les dénoncer. Ainsi, le compte twitter « fake » @BPGlobalPR a moqué la position de la firme face à la catastrophe du Golfe du Mexique à coup de tweets caricaturaux.
Pour les ONG, il s’agit donc d’aborder la question du détournement d’identité avec précaution. Entre les règles d’usages en vigueur sur Internet et la nature des associations, il n’y a pas de réponses simples aux questions relatives à l’identité en ligne. Au sein de l’agence, c’est une réflexion que nous menons avec notre Comité d’Ethique afin d’évaluer les conséquences de ses nouveaux usages pour les acteurs engagés. Et c’est avec plaisir que nous y réfléchirons avec vous !