Nous étions ce mardi 16 novembre au Colloque 2021 de France Générosités, qui portait sur le thème « Présidentielles 2022 : quels enjeux pour la générosité ? ». Une matinée d’échanges riche sur les évolutions de notre secteur et les enjeux émergents pour l’année à venir.
1/ La mesure d’impact, un enjeu essentiel pour faire reconnaître le rôle des organisations à but non lucratif dans le contrat social français
Pierre Siquier, président de France Générosités, a ouvert le colloque en rappelant la nécessité de mettre en lumière auprès des pouvoirs publics l’impact de la générosité dans la réalisation des missions sociales des organisations à but non lucratif.
Le cabinet Koreis a ensuite restitué les résultats d’une étude lancée par France Générosités auprès de ses membres volontaires, afin d’appréhender les impacts économiques et sociaux de 7 programmes/dispositifs financés en tout ou partie grâce à la générosité (dons des particuliers, dons des entreprises et engagement des bénévoles).
Cette étude s’est appuyée sur l’évaluation de projets selon la méthode d’analyse dite des « coûts évités ». La conclusion de ces études de cas est sans appel : les coûts évités compensent systématiquement et largement l’argent public investi dans les programmes, il y a donc un vrai effet levier de la générosité.
Retrouvez ici les résultats complets de l’étude.
La matinée s’est poursuivie par une table-ronde d’échanges sur la pertinence des outils d’analyse des performances sociales et économiques pour transformer la relation entre le secteur non lucratif et les décideurs politiques. Des échanges convergeant sur le fait que la question de la mesure d’impact est complexe et ne peut pas se limiter à l’impact économique : il faut également travailler sur des indicateurs extra-financiers, comme la qualité du lien social. Les intervenants ont également souligné la nécessité de penser l’impact lors de la phase de conception des projets, et d’adapter la méthodologie de mesure à l’activité de la structure concernée. Enfin, le rôle du secteur associatif comme « bassin d’incubation » a été valorisé : il doit permettre de prendre en charge l’innovation, pour formaliser ensuite des politiques publiques efficaces.
2/ Une « société de l’engagement » caractérisée par la générosité des jeunes et l’essor du bénévolat
La seconde table-ronde du colloque décryptait les marqueurs forts de notre « société de l’engagement » actuelle, notamment au regard de la crise sanitaire et de l’intérêt croissant des jeunes générations pour le secteur de l’économie sociale et solidaire.
- Les jeunes générations, moteur de l’avenir de la générosité
Les intervenants ont évoqué une « nouvelle ère de l’engagement » en émergence, caractérisée par une implication très forte des jeunes générations. On assiste notamment à un retour des grandes causes, qui fédèrent les jeunes : s’ils ne sont pas « fidèles » à une structure en particulier, ils se mobilisent fortement au service de plusieurs causes qui leur tiennent à cœur, en fonction de leurs envies et des opportunités. Les dispositifs comme le service civique ou le service volontaire européen ont notamment contribué à ce phénomène, en permettant d’attirer les jeunes vers des missions sociales variées.
- Le bénévolat en plein essor malgré la crise sanitaire
Concernant l’engagement bénévole, il se porte globalement bien, pour deux raisons : d’une part, les associations se sont investies pour renouveler la dynamique de leur engagement bénévole pendant la crise ; d’autre part, les jeunes ont repris le flambeau : ils portent aujourd’hui très fortement l’envie d’agir, l’engagement bénévole étant pour eux un moyen d’exprimer leur citoyenneté.
La crise sanitaire a été l’occasion de réinventer le bénévolat, grâce à des systèmes de coopération entre structures, qui ont permis de compenser pendant le confinement la mise en retrait de certaines typologies de bénévoles, notamment les seniors.
La principale difficulté à laquelle sont confrontées les associations concernant le bénévolat reste cependant le renouvellement des bénévoles impliqués dans la gouvernance.
3/ 5 enjeux clés pour les élections présidentielles
Dans le cadre des prochaines élections présidentielles, il est essentiel pour les organisations à but non lucratif de clarifier leur proposition de valeur sociale, politique et économique. Le colloque s’est donc conclu par un échange sur 5 axes clés pour le secteur à l’approche de cette échéance politique :
– Le don des particuliers, avec la question de la stabilité fiscale ;
– Le mécénat d’entreprise, avec la question de la mise en place de dispositifs visant à favoriser et accompagner le désir d’engagement des salariés et des entreprises ;
– L’engagement bénévole, avec la question de l’éducation des jeunes Français à la générosité ;
– La représentation politique du secteur, avec la question d’une clarification des interlocuteurs dédiés au sein du gouvernement ;
– La sécurisation des activités lucratives, avec la question de l’encadrement fiscal.