L’engagement (presque) tout le monde en parle, mais que se cache-t-il vraiment derrière cette notion si à la mode ? Comment s’encourage-t-il et surtout s’entretient-il ? LIMITE vous propose une synthèse des principales études sur le sujet…
D’après le dictionnaire historique de la langue française d’Alain Rey, engager signifie « mettre en gage ». C’est une caution, une promesse sur l’avenir, mais qui implique déjà des notions de contreparties, que l’on retrouve dans les expressions « gages domestiques » ou encore « tueur à gages ».
Selon Montaigne cela signifie : « entrer dans une situation qui ne laisse pas libre ».

Crédits R. Goscinny et A. Uderzo – Le Tour de Gaule d’Astérix, 1965
Au départ, le terme était utilisé dans l’armée puis dans l’architecture pour désigner un passage étroit. En 1846 l’idée « d’engager un capital » est apparue. Le mot a ensuite été utilisé dans la marine puis en 1945 est apparu le sens de « mettre sa pensée au service d’une cause ».
A noter aussi que « non-engagement » signifie neutralité et que « engageant » veut dire « qui séduit ».
Au XXIème siècle que l’engagement change de sens…
Les Français et l’engagement : un désir fort de s’investir
On compte en France 13 millions de bénévoles. Depuis 6 ans, la croissance est plus importante chez les plus de 50 ans que chez les plus de 65 ans. Pendant la même période, l’engagement des jeunes est passé de 16 à 21%. (France Bénévolat – Ifop, juin 2017)
Si 46% des moins de 30 ans se disent prêts à s’engager dans le bénévolat, seulement 32% le font. Toutefois, chez les plus de 30 ans, on compte 40% d’engagés alors que 31% s’y disent prêts. (Crédoc, 2015)
Le désir d’engagement est tout aussi fort pour la jeunesse, selon le rapport Jeunes et Engagement de France Stratégie, on remarque « un écart préoccupant entre la demande et l’offre d’engagement » (Jean Pisani-Ferry – Commissaire général France Stratégie). En effet, si 46% des 18-25 ans sont prêts à s’investir dans l’associatif, pour 70% d’entre eux, « la société ne me permet pas de montrer de quoi je suis capable ».
Yannick Blanc, Président de l’Agence du Service civique, cite la phrase par laquelle 80 jeunes ayant participé à un service civique résumaient collectivement leur expérience : « Être utile et se sentir utile »
Les associations et l’engagement : une demande réelle
Parmi les 28% de Français ayant déjà mis leurs compétences à la disposition d’associations, 40% ont plus de 65 ans. Parmi ceux ne l’ayant pas fait, 35% se disent intéressés. (Panorama du pro bono, 2016)
Il semble difficile d’accéder aux entreprises pour des types de missions en pro bono pour 42% des associations, même si 84% de celles qui en ont bénéficié en sont satisfaites. (Panorama du pro bono, 2016)
Les entreprises et l’engagement : de bonnes perspectives d’investissement
Chez les entreprises de plus de 500 salariés on compte 59% avec un ou plusieurs partenariats avec des associations. La proportion descend à 42% chez des plus de 100 salariés et à 20% dans les PME, mais reste de 26% dans les TPE. (Rameau-Medef, juillet 2016)
Le premier type de soutien que les entreprises apportent aux associations, ce sont des compétences (61%), les ressources matérielles arrivant en deuxième position (56%) et les financements seulement en troisième (46%). (Rameau-Medef, juillet 2016)
L’engagement ne faiblit pas chez les entreprises, puisque 71% des entreprises déjà engagées ont l’intention d’augmenter leur investissement dans les trois ans qui viennent. Même si 67% ne pratiquent le pro bono au profit d’associations que depuis moins de 5 ans, 48% de celles qui n’en font pas ont l’intention de le faire.
Leur vision consiste à « rendre leurs compétences accessibles à tous ; un bien immatériel qui se transmet de personne à personne » et leurs motivations résident dans les enjeux RH, l’engagement citoyen, et enfin l’ancrage territorial. (Panorama du pro bono, 2016)
Associations et entreprises ensemble pour l’engagement dans la cité
26% des salariés s’engageraient s’ils avaient une meilleure compréhension, voire un engagement de leur entreprise, et ce besoin monte à 34% chez les moins de 35 ans. (France Bénévolat – Recherches & Solidarités, juin 2017).
« L’engagement associatif d’un salarié relevant de sa volonté individuelle, de ses motivations et étant fortement lié à ses contraintes personnelles, une seule solution ne peut convenir à tous les salariés ». (Passerelles et Compétences)
On note que le désir de travailler l’un avec l’autre est réciproque puisque 81% des entreprises souhaitent des partenariats avec des associations pour innover, ainsi que 86% des associations souhaitent des partenariats avec des entreprises. (Phare Citoyens Comisis-OpinionWay, 2017)
Il en va de même pour 84% des Français qui souhaitent qu’associations et entreprises travaillent ensemble pour résoudre les problèmes de société. (Panorama du pro bono, 2016 et Phare Citoyens Comisis-OpinionWay, 2017)
Cette synthèse a été présentée à l’occasion du Mécènes Forum 2017 de l’Admical, lors de la table ronde de la Fondation SNCF animée par Laurent Terrisse.