Propos recueillis le 31 mars 2015 lors des 4èmes Assises de la Philanthropie organisées par l’Institut Pasteur et Le Monde avec le soutien de Neuflize OBC. [Télécharger les actes de ces Assises de la Philanthropie] |
« L’AMH a été créée par cinq personnes handicapées ayant décidé de se prendre en charge, pouvant uniquement s’appuyer jusqu’alors sur leur famille ou leurs amis. »
« En tant qu’association caritative, nous avons d’abord soutenu les personnes handicapées dans le but de favoriser leur intégration socioprofessionnelle, d’autant plus que la plupart d’entre elles vivaient dans une situation précaire. […] Cependant, nous avons réalisé qu’il était nécessaire de rééduquer les personnes, davantage que d’organiser des manifestations de soutien, l’apprentissage de la vie avec son handicap constituant la base de l’intégration. Nous avons d’abord fait appel à un réseau de médecins, mais nous avons pris conscience des limites du bénévolat. Puis, nous avons décidé de construire un centre de rééducation, en dépit du scepticisme des personnes de notre entourage. […] nous avons tenté de mettre en place un modèle économique dans lequel les personnes riches et assurées paient pour les personnes pauvres, qui n’étaient pas prises en charge par les circuits de soin classiques, les hôpitaux ou les cliniques privées. Nous avons travaillé et prouvé que notre projet était viable. […] Au fil du temps, nous nous sommes professionnalisés. Désormais, nous cherchons à multiplier les centres de rééducation, forts de partenariats solides avec la Fondation OCP et l’AFD. En raison du manque de compétences, nous projetons aussi d’ouvrir un centre de formation à destination des kinésithérapeutes, des aides-soignants et des ergothérapeutes, l’ergothérapie n’existant pas encore au Maroc. De nouvelles activités nous permettent également de générer des revenus, tout en permettant de réinsérer des personnes handicapées en les faisant travailler. Notre petite entreprise Anamil emploie ainsi dix personnes.
De même, nous avons identifié une niche en la fabrication de fauteuils roulants pour les enfants à infirmité motrice cérébrale. Ne pouvons concurrencer le fauteuil roulant fabriqué en Chine ; nous nous concentrons sur la fabrication de fauteuils évolutifs, des deux ans de l’enfant à ses dix ans grâce à l’adaptation d’une technologie américaine. Nous en avons d’ores et déjà fabriqué 400, confirmant notre capacité de production dans des conditions difficiles. »
« La ‘zakat’ [qui est l’un des cinq piliers de l’Islam] prévoit qu’une personne consacre 10 % de sa fortune à la charité. Toutefois, la démarche est discrète et anonyme. De plus, les mécènes contribuent essentiellement à la construction de mosquées, d’écoles ou d’hôpitaux. Des grandes familles ont créé leurs propres fondations, de plus en plus visibles. Les entreprises ont suivi cette dynamique et ont aussi bâti leurs fondations, mais se sont davantage spécialisées dans la culture, l’éducation, la santé, etc.
Quant aux associations, elles se caractérisaient jusque dans les années 1980 par des préoccupations principalement politiques. Le militantisme de gauche les a finalement déçues. Par conséquent, elles se sont tournées vers les problématiques sociales, comme le micro-crédit et l’éducation par exemple. Les ONG ont ensuite pris le relais. Alors que leur action relevait d’abord de la charité, elle s’inscrit désormais plutôt dans l’entreprenariat social. »
Amina Laraki-Slaoui
Présidente du Groupe AMH
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Le Groupe AMH est un groupement associatif d’entrepreneuriat social qui intervient dans cinq domaines complémentaires – la santé, l’action sociale, la formation, l’entrepreneuriat, le plaidoyer – pour favoriser l’inclusion des personnes en situation de vulnérabilité et de handicap dans la société marocaine en créant de nouveaux services et produits à fort impact social.