Pour cette cinquième semaine où nous laissons la parole aux membres de notre COMETH, c’est aujourd’hui Souhayr Belhassen qui s’exprime. Présidente d’honneur de la FIDH , Souhayr Belhassen est également journaliste et écrivain.
- Pour vous Limite qu’est ce que c’est ?
Un « brain storming » permanent mais pas sans limite. Avec en permanence le respect et la promotion de valeurs liées à l’éthique, à l’universel, à l’humain.
- Qu’est ce que cela signifie, pour vous, être membre du Cometh ?
Etre en relation avec les questionnements d’aujourd’hui et comment y répondre compte tenu de la fragile équation entre morale et matériel.
- Quels sont les sujets qui font bouger les limites de la société aujourd’hui ?
Les tentations et les tentatives permanentes de mainmise du collectif sur l’individuel qu’elles passent par le politique, le religieux, la violence, le terrorisme ou la mondialisation.
- En 2015, que veut dire la communication responsable en agence ?
Comment annoncer le futur sans céder aux sirènes du présent.
Son parcours :
Journaliste et écrivain, Souhayr Belhassen a toujours souhaité « donner la parole aux sans voix », que ce soit à travers ses activités professionnelles ou par son engagement pour les droits humains. Journaliste correspondante pour Reuters et Jeune Afrique, elle a été la première à soulever, en 1978, dans les colonnes de l’Hebdomadaire Jeune Afrique, l’existence d’une composante islamiste forte en Tunisie. Mais son fait d’arme demeure d’avoir mener au sein de la Ligue tunisienne de défense des droits de l’Homme (LTDH), une campagne pour sauver de la potence 18 jeunes tunisiens condamnés pour avoir participé aux émeutes du pain du 28 janvier 1984.
Auteur de Bourguiba (écrit en collaboration avec Sophie Bessis), une des biographies de référence sur l’ancien dirigeant tunisien, son ouvrage sera interdit de vente en Tunisie sous Bourguiba. Membre active de l’Association tunisienne des femmes démocrates (ATFD) depuis sa création, Souhayr Belhassen a toujours placé les droits des femmes au cœur de son combat pour les droits humains. Son ouvrage Femmes du Maghreb (également co-écrit avec Sophie Bessis), décrit l’enjeu que constituent les femmes dans les pays de la région, dont le sien.
En 1993, dans une pétition de soutien aux femmes algériennes, Souhayr Belhassen dénonce le silence coupable du régime tunisien sur la situation de son voisin, et l’utilisation de l’alibi constitué par la situation relativement privilégiée des Tunisiennes pour les empêcher d’agir. A la suite de cette pétition, elle sera expulsée de Tunisie et son exil durera 5 ans.
De retour à Tunis, elle fonde l’hebdomadaire 7sur7, un magazine culturel qui aura une durée de vie limitée. En 1998 les autorités tunisiennes s’arrangent pour supprimer les financements extérieurs de 7sur7, qui fait alors faillite.
Sous la dictature de Ben Ali, Souhayr Belhassen, comme beaucoup de défenseurs tunisiens des droits humains, a été constamment harcelée en raison de ses activités militantes (agressions, mise sur écoute, filature, surveillance du courrier…). Malgré cela cette activiste infatigable pour la défense des droits fondamentaux dans son pays reste également engagée sur de nombreux autres fronts sur le plan international.
Élue vice-présidente de la Ligue tunisienne des droits de l’Homme (LTDH) en 2000, Souhayr Belhassen intègre le bureau international de la Fédération internationale des ligues des droits de l’Homme (FIDH) en 2004, lors du congrès de Quito. Elle deviendra présidente de la FIDH en avril 2007, lors du congrès de Lisbonne et sera réélue en 2010 au congrès de Erevan.
A la tête de la FIDH, Souhayr Belhassen place les droits des migrants et les droits des femmes, parmi les grandes priorités d’action de l’organisation. Dans ce contexte, la FIDH lance deux grandes campagnes pour la défense des droits des femmes dans le monde arabe et en Afrique subsharienne. Elle développe également la présence et l’action de la FIDH en Asie et en Europe de l’Est. Un bureau sera ouvert à Bangkok en 2010 et Souhayr Belhassen effectuera de nombreuses missions dans la région, notamment au Cambodge. La tenue du 37ème congrès de la FIDH en 2010 à Erevan (en Arménie) constituera par ailleurs le point d’orgue du développement des activités de la FIDH en Europe de l’Est et Asie Centrale.
Le 27 mai 2013, le 38ème Congrès de la FIDH réuni à Istanbul, rend hommage à Souhayr Belhassen en la nommant Présidente d’Honneur de la FIDH.