32% des Français ont fait (6%) ou ont l’intention de faire un don (26%) pour venir en aide aux Népalais frappés par le séisme. C’est mieux que pour les Philippines en novembre 2013 (26%) mais en repli par rapport à Haïti en janvier 2010 (49%) ou pour le tsunami de 2004 (43%).
Les urgences d’ampleur internationale, comme celle du Népal, ne sont pas seulement, pour les associations et fondations, l’occasion de mobiliser les donateurs fidèles et occasionnels ou pour le secteur caritatif d’en conquérir de nouveaux. Elles sont aussi une véritable démonstration de leur utilité et un moment fort de la construction de leur histoire dans l’opinion. A la gestion de la crise elle-même, la plupart ajoutent celle de la communication de cette urgence. Une communication vitale en termes de collecte de fonds (50% des dons se font dans les toutes premières heures) et de conquête de nouveaux donateurs, dans un contexte de stagnation de la collecte de fonds ; mais aussi un récit de leur action qui, à la lumière des expériences du tsunami en Asie du Sud-Est en 2004 ou du tremblement de terre en Haïti en 2010, s’inscrit dans la durée pour démontrer qu’il est aussi nécessaire de les soutenir pour reconstruire et développer.
« Il s’agit désormais de « concrétiser » ce potentiel. En effet, on a la même proportion de personnes ayant d’ores et déjà donné que lors des philippines (6%) mais une plus forte proportion d’intention de donner ! 26% contre 20% à l’époque. Il faut qu’ils le fassent…Dans le même ordre d’idées, parmi les donateurs réguliers, on est loin d’avoir fait le plein : 51% n’envisagent pas de donner et 37% envisagent mais ne l’ont pas fait. Seuls 12 % l’ont déjà fait. Parmi ceux qui donnent lors des catastrophes importantes, 15% sont déjà passés à l’acte et 71% envisagent, il faut donc mettre le paquet pour déclencher les dons. »
Jérôme Fourquet, Directeur du Département Opinion et Stratégies d’Entreprise de l’IFOP
Comparativement au sondage mené en 2013 sur l’ouragan aux Philippines, les images, photos et reportages sont cette fois encore les principaux stimuli du don 53%). Notons tout de même que les appels au don lancés par les ONG semblent avoir été plus efficaces que pour les Philippines (28% vs. 21% en novembre 2013).
Parmi ceux qui ont déjà fait un don les écarts sont plus resserrés : 44% photos, 34% appel au don des ONG. Assez logiquement, c’est parmi ceux qui donnent que lors des catastrophes que l’impact des médias est le plus fort 60% (contre 48% parmi donateurs réguliers)
Sur la gravité perçue de cette catastrophe, les chiffres montrent que le grand public a du mal à hiérarchiser et une large majorité (entre 60 et 70%) a tendance à toute mettre sur le même pied. Tout au plus constate t’on que Fukushima, la famine dans la Corne de l’Afrique et le tsunami sont perçus comme les plus graves, mais l’écart reste peu important.
Les ONG perçues comme les plus compétentes pour intervenir dans cette catastrophe sont Médecins sans Frontières (67%), Médecins du Monde (52%) et la Croix-Rouge française (45%), ce qui confirme l’importance de la notoriété dans la confiance accordée par les Français.
Lorsqu’on analyse les résultats sur les Français ayant déjà fait un don, les écarts se resserrent et certaines ONG voient leur « côte remonter : 16% (contre 9% en moyenne) pour le Secours popu, 10% (contre 5% en moyenne) pour la Fondation de France et dans des niveaux différents : 33% contre 24% pour l’Unicef. Ces ONG sont donc moins visibles et citées spontanément mais elles savent s’adresser efficacement au cœur de cible.
Quant à la priorité d’action (et d’affectation des dons), elle devrait être, par ordre décroissant :
- à soigner et nourrir les blessés et les victimes (74%)
- à la reconstruction des principales infrastructures (44%)
- à apporter une aide financière aux victimes pour la reconstruction de leur logement (28%)
A noter que 6% des personnes interrogées sont conscientes de la nécessité de consacrer une part des dons au développement des ONG elles-mêmes pour augmenter leur capacité future à agir efficacement.
Et que 26% d’entre eux relaient, dans leur entourage personnel ou professionnel, les appels aux dons des ONG.
« Il n’y a pas que le don, il y a aussi le « tam-tam » que l’on peut faire autour de soi : 26% des Français (ce qui n’est pas rien) disent diffuser autour d’eux les appels à la mobilisation. C’est donc un élément à prendre en compte pour les ONG, il y a là des relais, des ambassadeurs que l’on peut mobiliser.
Élément intéressant, ces ambassadeurs ne sont pas forcément les donateurs réguliers. Parmi ces derniers, 38% diffusent les appels au don, mais cette proportion monte à 60% parmi les « donateurs catastrophes » qui fonctionnent donc sur une autre logique et sont prêts à se mobiliser ponctuellement en donnant mais aussi en relayant.
La proportion la plus élevée de « relayeurs » est observée parmi ceux qui ont d’ores et déjà donné, 80% d’entre eux déclarent diffuser autour d’eux les appels au don. »
Enfin, Internet joue un rôle décisif dans ces mobilisations d’urgence, ce qui corrobore le dernier baromètre e-donateurs mené par l’Agence LIMITE et l’IFOP :
-
24% des Français déclarent avoir donné par ce biais
-
51% des e-donateurs déclarent donner sur internet à l’occasion d’une catastrophe naturelle ou d’une épidémie
-
20% des non donateurs se déclarent toutefois prêts à soutenir les ONG sur les réseaux sociaux
*Sondage réalisé du 28 au 30 avril 2015 auprès d’un échantillon de 968 personnes, représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus (méthode des quotas).
2 commentaires