Alors que sont annoncées pour le 31 mars 2015 les 4èmes Assises de la Philanthropie organisées par l’Institut Pasteur et Le Monde avec le soutien de Neuflize OBC, rappelons quelques propos savoureux de Daniel Cohen (professeur d’économie à l’École normale supérieure, vice-président de l’École d’économie de Paris) saisis à la volée lors de la plénière finale des dernières Assises, à laquelle participaient Martin Hirsch (alors Président de l’Agence du Service Civique) et Patrick Viveret (Conseiller référendaire à la Cour des Comptes, philosophe et essayiste) :
« Le capitalisme, aujourd’hui, est confronté à des besoins sociaux qui peinent à rentrer dans le système marchand (différence avec l’évergétisme romain).
Le gratuit est moderne. La philanthropie ne doit pas doublonner avec l’Etat en cherchant uniquement la gratuité, qui est le domaine public. Elle doit chercher à innover en essayant de mettre au point de nouvelles manières, plus performantes, de produire de l’intérêt général gratuit, mais à un meilleur coût, avec une meilleure productivité.
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Le rôle principal de la philanthropie n’est pas de financer l’intérêt général parce que l’Etat est fauché. C’est d’avoir une capacité d’innovation que ne peut pas avoir l’Etat, lequel, ontologiquement, ne peut pas tenter des choses.
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Le contexte dans lequel on parle aujourd’hui de philanthropie est un contexte de paupérisation du tiers secteur et de fragilisation de la puissance publique.
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Il faut veiller à ce que la philanthropie puisse opérer dans un champ qui ne soit pas source de déstabilisation de l’intérêt général.
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Il faut néanmoins accorder à la philanthropie le bénéfice du doute. On s’en fout que les philanthropes agissent pour se racheter. Ce qui compte est : est-ce que ça produit bien ce que les intentions promettaient ? »