Dans sa chronique du Sens de l’Info sur France Info, le philosophe Michel Serres soulignait hier que, dans l’acte de don comme dans celui de pardon, nous sommes passés de la réciprocité à la transition et que c’est la condition vitale de la survie de notre humanité.
À l’heure de la dette mondialisée, économique et écologique, cette notion de transitivité du don est, plus que jamais, un puissant moteur pour faire bouger les lignes sur les grands enjeux de notre société et de notre planète. À celle de la transition digitale et environnementale, elle devient créatrice de valeur, moteur des économie et société de demain. Le non-profit est une nouvelle forme de transmission de la valeur en mutation.
Comme le pardon, le don est devenu une forme de transaction morale lorsqu’il est sorti d’une antiquité et d’un moyen-âge où une minorité d’individus exceptionnels, héros et chevaliers, étaient capables de renoncer à leurs vanités, morales et matérielles, par honneur et sacrifice purs. Des indulgences au donaction, il est en train de migrer vers le « transidon » : j’offre une parcelle de ma part d’influence sur le web au tiers de confiance associatif (ou autre ;-)) qui la transformera en énergie sociale circulaire, transmettant à d’autres une valeur exponentielle, dont, à la vitesse du numérique, j’aurai à mon tour ma part, en activité, en plaisir ou en solidarité.
Le philosophe anticipe et a toujours raison !
Nous avions oublié l’étymologie commune de don et pardon et surtout d’abandon. Car dans les deux cas don et pardon obligent à un effort surhumain, mais indispensable à l’échange et à la paix : l’abandon. La supériorité de l’altruisme pour socialiser les mœurs. Le passage au transidon dont parle Michel Serres et une forme d’accélération et d’expansion de cette sociabilité. Une générosité augmentée ?