C’est avec tristesse que j’apprends la disparition de Lucien Neuwirth, salué par tous comme « le père de la pilule ». Le rôle discret de ce grand gaulliste humaniste en faveur du développement du mécénat en France est moins connu. Grâce à lui j’ai pu, le 11 novembre 1987, débuter ma carrière en organisant au Sénat, sans moyen ni influence, pour le compte d’un collectif d’associations, l’Adref, les Premières Assises du Mécénat (« Mécénat et philanthropie, vers la transparence ») dont les Actes, préfacés par Jacques Chirac, furent ensuite publiés par Matignon. Réunissant en présence d’Edouard Balladur tous les acteurs, alors jeunes, qui par la suite devaient contribuer à faire avancer les mentalités et les lois relatives au mécénat dans la société française, ces Assises avaient permis de produire de nombreuses propositions, pour beaucoup mises en œuvre au fil des législatures de gauche comme de droite, et pour quelques-unes, encore en attente.
Lucien Neuwirth était la sorte d’homme de pouvoir (alors questeur au Sénat) qui recevait dans son bureau avec humour mais bienveillance un jeune débutant de la com sur un simple courrier et qui, une fois convaincu qu’il était temps de laisser sa place à l’initiative privée d’intérêt général dans ce pays dont il respectait pourtant plus que tout le rôle de l’Etat, vous donnait accès à tous les contacts et les moyens au plus haut niveau. Parce que ce qui comptait pour lui avant tout, c’était qu’une cause soit juste et portée avec énergie et imagination et que, dans le mécénat, ce qu’il ne perdait pas de vue, c’était le bien de tous ceux qui allaient en bénéficier. Lorsque nous avons évoqué cet événement, quelques années plus tard, il était toujours fier mais modeste à propos de son rôle sur ce sujet. C’est aujourd’hui l’Admical, dont le président fondateur, Jacques Rigaud, participait aux Assises de 1987, qui porte le flambeau, toujours avec talent et énergie.