Par décret du Président de la République française, le 13 juillet 2012, Souhayr Belhassen, Présidente de la FIDH (Fédération Internationale des Ligues des Droits de l’Homme) est élevée au grade de Chevalier de l’ordre national de la Légion d’honneur.
Une nouvelle qui rend fier notre pays. Le temps n’est pas loin où, pourtant première femme élue à la tête du premier mouvement mondial de défense des Droits de l’Homme, Souhayr se heurtait au fatalisme, et parfois au cynisme de nos institutions vis-à-vis de toute campagne de soutien aux camarades défenseurs des droits humains de son pays de naissance, la Tunisie.
Je me souviens d’un dîner annuel de la FIDH, en décembre 2008, où Isabelle Chébat (Dircom de la FIDH) m’avait fait l’honneur de me placer à la table « Tunisie », afin d’en inciter les participants, au cours du dîner, à mobiliser leurs relations pour réunir la somme nécessaire à une mission d’enquête sur les persécutions dont étaient victimes les défenseurs tunisiens. C’est à grand peine que, 10 convives de cette table, nous avions persuadé nos relations que le régime de Ben Ali était l’un des pires de la planète.
Cette paresse d’indignation collective, nous nous y sommes, avec d’autres combattants de tant de causes, et avec la FIDH, dont nous nous considérons depuis bientôt 15 ans comme des « compagnons de route », tant de fois heurté. C’est encore ce mur de l’impuissance à s’indigner qu’il faut aujourd’hui franchir pour que la mobilisation au secours d’Ales Bialiatski atteigne demain celles qui ont permis de sauver Nelson Mandela, Aung San Suu Kyi, Ingrid Betemcourt, etc.
Fauchée, intello, souvent austère et exigeante, la FIDH est anti communicante au possible. Plus d’un gourou de la com s’y est cassé les dents. Nous-mêmes, pourtant aguerris aux causes les plus impossibles, avons plusieurs fois, excédés, dû déclarer forfait. Ce sont ces limites qui font aussi le prix et les succès de cette extraordinaire organisation : en communication, le temps, la densité, la vérité et la simplicité sont les seules alternatives à l’argent, l’opportunisme, l’à-propos et la séduction.
Le temps, la densité, la vérité et la simplicité… ce sont des qualités de Souhayr. Des qualités que nous retrouvons toujours, quand nous passons un moment avec les élus, les dirigeants, les militants, les équipes de la FIDH. Elles nous rappellent l’indispensable complément de nos stratégies : sans profondeur, pas de légèreté efficace (sujet d’une « séance publique » de notre Comité d’éthique – Com’eth Limite », à la rentrée).
La fierté de cette reconnaissance de notre pays de l’engagement et du parcours de Souhayr, qu’elle dédie à la FIDH toute entière, nous la ressentons donc un peu aussi, du fait qu’elle et Antoine Bernard (Directeur général de la FIDH) ont accepté, depuis 2010, de participer au Comité d’éthique de notre agence.
Laurent.