L’agence LIMITE a réuni mercredi dernier, dans les locaux de Médecins du Monde et dans le cadre de la Social Media Week, hackers et ONG pour discuter des interactions actuelles et futures entre ceux-ci. Voici le compte rendu de cette table ronde que l’on était très heureux d’organiser ! Et merci aux intervenants : Kevin Clech (Croix-Rouge), Clémence Lerondeau (Greenpeace), Morgane Tual (Youphil), Gaël Musquet (Openstreetmap France), Nicolas Diaz (FIDH) et Okhin (Telecomix).
Les hackers et les ONG peuvent paraître a priori éloignés. Tout d’abord parce que comme le dit Morgane Tual, journaliste à Youphil, hackers et ONG proviennent de deux univers, deux cultures totalement différents. Les ONG pratiquent un militantisme assez traditionnel, « Away From Keyboard », et se sont mises assez tardivement au web. En outre, la culture « sociale » des ONG n’est pas la même que celle des hackers, plus « libertaires » et dont l’objectif est de « lutter contre l’opacité des outils » selon Nicola Diaz, webmaster de la FIDH. C’est d’ailleurs une raison de la « peur » que peuvent parfois inspirer les hackers dans l’imaginaire collectif, bien aidés, comme l’a précisé Morgane Tual, par les médias. Enfin, du côté des hackers, les ONG sont perçues d’après Okhin, « agent Telecomix » comme il se décrit lui-même, comme des organismes pleins de lourdeur (avec des statuts et une personnalité morale), bureaucrates (discours rejoint par Kevin Clech de la Croix-Rouge pour qui il est difficile de faire bouger une grosse organisation), voire parfois opaques.
Pourtant, malgré ces freins, hackers et ONG ont plus de similitudes qu’il n’y paraît. Pour Clémence Lerondeau de Greenpeace, hackers et ONG partagent des valeurs communes (entraide, éthique) et la « passion de la vérité ». Leur aspect non-gouvernemental, le détournement des outils traditionnels (Greenpeace affirme faire des « hacks » IRL sur des bâtiments) et leur « faculté de désobéissance civile » (Nicolas Diaz) sont autant de points communs qui laissent entrevoir des collaborations communes.
Déjà, avec les Printemps arabes, hackers et ONG ont commencé à se rencontrer. Les coopérations se sont multipliées. Deux exemples emblématiques : RSF qui avec Telecomix duplique les médias censurés par les dictatures ; la FIDH qui organise avec Télécomix des formations pour que les utilisateurs apprennent à connaître et à déconstruire les outils qu’ils utilisent. Au-delà de ces coopérations, des projets mêlant les deux entités naissent, comme ceux représentés par Gaël Musquet : OpenStreetMap, destiné à cartographier les zones du globe (y compris celles protégées par des embargos politiques) et les Crisis Camps, regroupements (dans le genre des barcamps) pour favoriser le partage de connaissances et qui font se rejoindre hackers et ONG comme la Fondation de France.
Pour aller plus loin :
- Suivre le live-tweet (hashtag #SMWHackONG) de la conférence sur Twitter
- Article de Mail for good : http://socialgood.fr/2012/02/16/conference-hackers-hacktivistes-et-ong-avec-lagence-limite/
- Article de Youphil (Morgane Tual) : http://techethique.blog.youphil.com/archive/2012/02/16/hackers-et-ong-la-difficile-rencontre.html
- Cette conférence a fait des petits : Place à un internet « libre » avec la « pirate box » – Initiative France Info – Économie – France Info http://bit.ly/xhpmnR
- Le Storify de la Social Media Week.
- Et une vidéo de la conférence avec les meilleurs moments à venir !
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