Le lobbying du secteur associatif a permis de déjouer la tentative parlementaire contre les déductions sur les dons. Mais la mobilisation des politiques et du grand public pour défendre l’esprit de la loi Coluche (les riches donnent volontairement aux pauvres) est modeste. Pour éviter que dans l’avenir une nouvelle attaque ne passe en douce ou en force, il faut porter auprès du grand public, des jeunes, des internautes le message que ces déductions ne sont pas des niches fiscales, qu’elles permettent aux riches de faire « redescendre » l’argent et de combattre l’égoïsme en exprimant volontairement leur solidarité, d’alléger les charges de l’Etat en donnant au secteur associatif les moyens d’agir… donc de réduire la dette en préservant la cohésion sociale.
Face à la mobilisation immédiate et efficace de tous les acteurs clés sur secteur associatif, Centre Français des Fondations et Fondation de France, France Générosités, Think Tank Pasteur de la Fiducie Philanthropique, Croix-Rouge, Association Française des Fundraisers, Admical… ainsi que de nombreux médias (lien vers la revue de presse), le gouvernement a assuré le week-end dernier qu’il s’opposerait à l’amendement déposé en catimini dans la nuit du 9 au 10 novembre par Gilles Carrez, rapporteur de la commission des finances à l’Assemblée nationale et un groupe de députés de droite et de gauche.
Dont acte, on peut se féliciter que ce « petit meurtre entre amis de la Loi Coluche de 1988 », qui aurait affaibli associations et fondations au moment où nous avons tant besoin d’elles, ait été entravé par les moyens traditionnels du lobbying institutionnel.
Mais plusieurs signes laissent à penser que cette attaque ne sera pas la dernière :
– ce n’est pas la première, et les députés comme les responsables du budget au gouvernement ne pouvaient pas ignorer les arguments développés par le monde associatif pour rappeler que les déductions sur les dons ne sont pas une « niche fiscale »,
– peu de députés ont réagi, l’opposition semble peu mobilisée pour soutenir le secteur associatif,
– si les médias traditionnels ont pas mal repris la communication des organisations représentant notre secteur, les reprises sur Internet ont été incroyablement faibles.
On peut donc penser que, de droite ou de gauche, la majorité s’attaquera à nouveau aux déductions sur les dons. La mobilisation des grandes marques associatives et le soutien des quelque 6 millions de donateurs traditionnels (par ailleurs électeurs assidus) peut, à nouveau, déjouer ces tentatives. Mais il serait préférable « d’éradiquer » définitivement ces velléités en mobilisant l’ensemble de l’opinion publique, jeunes et internautes compris.
En effet, on peut imaginer que si on demandait aux Français s’ils trouvent que c’est une bonne idée, pour alléger la dette de l’Etat, de réduire les aides fiscales dont bénéficient les plus riches, beaucoup répondraient « oui, bien sûr ».
Les arguments actuels des associations et fondations sont adaptés aux institutionnels et aux donateurs traditionnels. Vers le grand public et les internautes, le message doit être plus radical :
« Baisser les déductions sur les dons…
… c’est, in fine, creuser la dette de l’Etat en perdant les 34% de chaque don qui ne sont par déduits, donc en reportant sur celui-ci les charges que les associations et fondations assument aujourd’hui…
… c’est aussi et surtout tuer « l’esprit Coluche », traduit dans la loi de 1988, qui depuis 23 ans encourage les riches et tous ceux qui le peuvent à participer à la solidarité collective en faisant volontairement redescendre une partie de leur argent vers ceux qui en ont le plus besoin. »
Pour télécharger et faire circuler la campagne, et ainsi soutenir tous ceux qui se battent pour que l’argent aille aussi de haut en bas, cliquer ici.