A l’occasion, dimanche 16 octobre, du « B.A.D. 2011 » (ou « Blog Action Day » = journée mondiale des blogueurs) consacré à l’alimentation. Voici notre contribution :
L’alimentation : LE sujet connect de la communication sociétale des années 2010 ?
Alors que le système mondial Fairtrade de commerce équitable labellisé (dont fait partie Max Havelaar France) vient de voter le 14 octobre en Allemagne une réforme de ses statuts permettant une gouvernance à parité totale entre organisations de petits producteurs du Sud et élus des associations de labellisation du Nord*, plus que jamais, la régulation de l’alimentation contre les spéculations et les fraudes repose sur l’information et la mobilisation croissantes de ceux qui produisent et de ceux qui consomment.
Créé dans les années 80, le mouvement qui donne sa légitimité au label Fairtrade Max Havelaar repose sur cette vision : nourrir en toute sécurité sanitaire 7, 8 peut-être 10 milliards de personnes ne sera possible que si les agriculteurs et transformateurs engagés durablement sur leur territoire établissent un lien de solidarité et de résistance avec les consommateurs et les acteurs de la société civile éclairés et responsables.
Un label comme celui de Fairtrade, s’il correspond bien à des réalités (prix minimum garanti quelles que soient les fluctuations du marché, avances ou garanties financières sur récoltes, soutien aux organisations collectives qui protègent les agriculteurs familiaux contre les pressions économiques et politiques, prime d’aide au développement permettant de payer des biens collectifs, agriculture durable et diversification des ressources…), dépend de façon vitale de sa communication.
Comme dans d’autres domaines, les moyens dont disposent les grands acteurs de l’industrie agro-alimentaire pour faire passer leurs arguments (et parfois masquer les critiques) sont considérables par rapport à ceux dont disposent des ONG, même quand leur notoriété laisse penser qu’elles sont puissantes, comme dans le cas de Fairtrade Max Havelaar (voir le rapport d’activité de Max Havelaar France en PDF). Mais les associations ne sont pas sans atouts pour toucher l’opinion. Du moment qu’elles ajoutent à leur capital de confiance quelques pincées d’inventivité, d’audace, d’esprit « 2.0 »… et de professionnalisme.
Communiquer sur l’alimentation : une cause, parfois un combat, toujours des savoir-faire spécifiques.
Quand on regarde les clients et campagnes actuelles de LIMITE (voir notre nouveau site de présentation), on découvre combien l’alimentation est devenue un enjeu transversal à de nombreuses causes. Commençons notre petit tour de piste.
On pense, bien entendu d’abord, aux communications pour de l’aide d’urgence, comme la Fondation de France, le Secours Islamique France, Médecins du Monde ou Plan en mènent lors des grandes catastrophes, certains d’entre eux en ce moment pour la Corne de l’Afrique avec des difficultés que nous avons analysées via une étude IFOP. La Fondation Abbé Pierre nous rappelle aussi chaque année que l’urgence alimentaire existe aussi en France, et en ce moment que c’est également lié au mal-logement.
Atteindre l’autosuffisance alimentaire, développer son autonomie économique est également au cœur des communications que nous développons pour l’Agence Française de Développement, pour Coordination Sud, le GRET ou pour Planète Finance.
De la mobilisation ou de la dénonciation en passant par l’andragogie**, le spectre des registres de communication sur le sujet alimentation s’étend également à la défense des droits des malades (voire des victimes de crises sanitaires), comme avec le CISS (Comité Inter-associatif pour la Santé) et à la prévention, par exemple contre les cancers, avec l’Institut Curie, ou contre les maladies cardio-vasculaires avec la Fédération Française de Cardiologie.
La question de l’impact environnemental de certaines méthodes de production agricole ou de certains produits est régulièrement un thème de mobilisation de Greenpeace, de Générations Futures et du WWF, mais aussi de promotion de nouveaux modes de vie et de production, comme avec l’association des Colibris, ou Planète liège, lequel nous incite à allier le plaisir (avec modération) et l’écologie (sans) en choisissant des vins bouchés au liège grâce auxquels nos belles forêts de chênes de la Méditerranée sont entretenues.
Et pour finir ce tour d’horizon de la communauté des clients et partenaires de LIMITE, il ne faut pas oublier que l’accès à une alimentation saine et en quantité suffisante est l’un des droits fondamentaux de la DUDH (voir l’article 25) et que les ONG comme Human Rights Watch ou la FIDH (mouvement mondial des ligues des Droits de l’Homme) obligent souvent les Etats à assumer leurs devoirs en la matière, lorsque les associations ne peuvent plus agir.
Tout ça pour dire que, chez LIMITE (outre les discussions passionnées à propos du menu et du tri des déchets du déjeuner d’agence du lundi***), l’alimentation est une cause à part entière, cause d’engagements de chacun, mais surtout, c’est ce qu’on nous demande, cause de campagnes qui font bouger.
* L’équipe, les élus, les militants, les entreprises et les associations engagés dans Max Havelaar France se sont beaucoup investis pour que les trois réseaux de petits producteurs d’Afrique (Fairtrade Africa), d’Amérique latine (CLAC) et d’Asie (NAP) puissent être pleinement « co-pilotes » du système Fairtrade, à parité et avec les mêmes droits que les associations nationales de labellisation comme Max Havelaar en France. En tant que Vice-Président de cette dernière, Laurent Terrisse a fait partie de la « task force » de cinq personnes qui a permis le travail collaboratif entre l’ensemble des pays du Nord et du Sud à la suite duquel Fairtrade devient la première ONG mondiale co-dirigée à parité par des élus des producteurs du Sud et des consommateurs du Nord (50% des places chacun à l’Assemblée Générale et idem au Conseil d’Administration).
** Andragogie : à l’inverse de la pédagogie, l’andragogie considère l’apprenant en adulte et prend en compte ses besoins, ses centres d’intérêt, son expérience. L’andragogie est ainsi un processus d’investigation active et non de réception passive d’un contenu.
*** LIMITE souhaiterait que ses déjeuners d’équipe hebdomadaires soient aussi responsables, sains et goûteux que pratiques. Nous cherchons à contacter une organisation qui pourrait nous préparer et livrer chaque lundi nos presque 20 repas et que cette prestation ait un impact social (et si possible une valeur ajoutée écologique…). Toute suggestion (locale) sera la bienvenue.