Notre rapport à l’écran est devenu infra-ordinaire, cet objet fait partie de notre environnement et nous ne l’interrogeons plus. Ceci à tel point que nous prenons en photo un bout d’affiche et il se transforme sur notre téléphone en une page totalement différente. Cela pose la question de l’opposition ou de la complémentarité entre papier et écran, entre print et numérique.
Ces QR codes ou flash codes – la différence est expliquée ici – sont imprimés dans la réalité réelle et existent dans la réalité dite virtuelle ou augmentée, sous forme de lien. Si print et numérique semblent contraires – comme les traditionalistes, qui s’interrogent sur les devenirs du livre (ici) et de la bibliothèque (ici) s’opposent aux modernistes, qui sont fascinés par le 2.0 – ils peuvent aussi être combinés dans un processus de lien entre ces deux mondes. Ce renvoi de la réalité au virtuel se fait grâce aux QR codes ou aux flash codes, qui peuvent même être customisés (comme on le propose ici).
Le QR code est donc un lien hypertexte print : cela montre bien que l’opposition papier/écran est dépassée et que les modes de communication sont désormais complémentaires ; ce phénomène est quotidien dans le monde moderne. Cette plasticité dans l’usage des différents canaux de communication, permise par des liens – entre URL et application, de l’ordinateur au téléphone, mais aussi entre papier et écran, grâce aux QR codes – est entrée dans l’habitus.
Dans ce monde 2.0, la communauté virtuelle est désormais essentielle, notamment pour les marques. C’est pour cette raison que les QR codes et flash codes apparaissent de plus en plus souvent sur des publicités marchandes, avec un lien vers le site de la marque, ou vers sa page Facebook. Des actions politiques utilisent également ce procédé, comme pour la taxe Robin des Bois, teasée par un QR code renvoyant à une vidéo explicative (cliquez ici pour mieux comprendre).
En l’utilisant plus avant, ce procédé peut entrer dans une véritable interaction entre papier et écran. C’est ce qu’a fait Publicis pour Reporters Sans Frontières avec cette campagne de presse. En posant l’écran sur le papier, c’est la réalité visuelle qui est transformée, et qui peut donc transformer le réel, de manière concrète et pragmatique. Le visage du dictateur, en photo, est fixe, tandis que la bouche placée devant la sienne fait la lumière sur les véritables faits de son pays.
Cette interdépendance entre l’écran et le papier pose un tout nouveau rapport entre ces deux opposés, qui peuvent ainsi se compléter, en superposant leurs compétences pour en créer une nouvelle : la possibilité de changer le monde en mélangeant des processus différents. Si le fond de la campagne de Reporters Sans Frontières prouve bien les discriminations – entre autres horreurs – des dictateurs, la forme elle-même utilise un métissage de techniques.
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