Dans le cadre du groupe de travail AFNOR qui planche sur la transposition de la nouvelle norme ISO26000 sur la responsabilité sociale des entreprises aux métiers de la communication, le chantier de la communication numérique(après ceux de la pub, de l’événementiel, des agences, etc) est désormais sur les rails !
Et comme il fallait bien que quelqu’un commence, et bien c’est Emilie Brun et… bibi qui nous sommes coltiné l’exercice délicat de lister les points d’attention « éthiques » qui devraient être discuté au sein du groupe qui réunit, à l’initiative de l’Afnor, pour une fois vraiment l’ensemble des parties prenantes de nos métiers, les annonceurs (UDA), les agences (AACC, ANAE‚…), et même le Collectif des Publicitaires éco-socio-innovants et l’Alliance pour la Planète.
Ce sont les principes fondateurs (universalité, accessibilité, neutralité, open source‚…) qui guident notre passion, pour Internet, et c’est dans cet esprit que nous y travaillons avec les clients publics, marchands et non marchands qui font confiance à LIMITE. Comme pour la pub, etc, mettre la barre le plus haut possible pour la grille d’application d’ISO 26000 à la communication numérique, afin de partir de la plus vaste ambition, plutôt que dans une logique étriquée de lobbying défensif contre les régulations dont nos professions ont pourtant tant besoin.
C’est dans cet esprit « qui peut le plus peut le moins » (à partir duquel la grille d’application d’ISO26000 proposera les trois niveaux a) respect des loi + b) respect des standards recommandés par la profession + c) objectifs de progrès) que nous avons travaillé les points structurants de ce référentiel sociétal : matériels, logiciels, contenus, services, sécurité et santé au travail, droits de l’homme, environnement.
Naturellement, à l’examen en séance de ce travail préalable, les différences de perceptions sont apparues entre les parties prenantes du groupe de travail. L’UDA a d’abord invoqué « l’extrême technicité du domaine Internet » et donc la nécessité de se « faire assister d’experts » et de ne pas céder « aux clichés et aux conclusions faciles », soulignant “qu’un travail considérable a été réalisé » par l’UDA sur les cookies”.
Les cookies sont ces petits bouts de code que les sites web placent sur votre ordinateur pour « faciliter » votre reconnexion ou plus simplement pour vous reconnaître quand vous revenez, ou quand vous vous rendez sur un site partenaire, ou quand vous avez cliqué sur une bannière publicitaire, une annonce Google Adwords‚…
Le souci avec les cookies c’est que ces dispositifs ne sont pas mentionnés et décrits par ceux qui les emploient, et surtout qu’ils sont placés à l’insu des internautes, il n’y a pas « d’opt’in » (acceptation préalable). Autre type de souci, le rapprochement des données fournies par les cookies (comportementales) de données d’inscription et un site (prénom, nom, lieu, âge‚ …) voire de données comme l’adresse IP qui n’est pas uniquement une donnée technique mais aussi et surtout une donnée personnelle comme la Commission Européenne (Groupe de l’Article 29), la Cour Européenne de Justice, la CNIL française et toutes ses homologues européennes le reconnaissent.
Donc il est bien clair que si l’UDA avance bien sur certains dossiers (voir par exemple la charte éthique pour les études fondées sur l’observation du web social), les grands annonceurs et leur syndicat considèrent que le sujet « adresses IP et cookies » est « hors sujet » et sadonc leur position sur les cookies est d’exclure « l’opt’in », position radicalement opposée à celle des consommateurs. En France, l’IAB et le TASC (The Ad serving Club) ont d’ailleurs déjà obtenu l’assouplissement de la transposition d’une directive européenne (“paquet télécom”), ce alors même que l’IAB et la Digital Advertising Alliance proposent que le ciblage comportemental soit signalé par une icône (voir ici) et que les initiatives émanant du monde du web, qu’il soit commercial ou opensource (Safari d’Apple, Firefox 4 de Mozilla et Chrome de Google) convergent vers des navigateurs web qui permettent de refuser les cookies, de les « opt-out » (Chrome) ou d’envoyer via un bouton un message “Do not track”.
A l’issue de cet échange, l’AACC a déclaré qu’elle allait faire appel à l’expertise de sa délégation interactive. Ne serait-il pas également judicieux, dans la logique qui est celle de la Commission nationale de normalisation, d’interroger aussi à ce sujet les internautes soucieux de sauvegarder leurs données personnelles et les organisations qui les représentent ? Ou même de se rapprocher des positions d’acteurs clés et compétents que sont les fournisseurs de navigateurs web ?
Il est vrai que lors de la dernière réunion plénière du groupe de travail d’application d’ISO26000 aux métiers de la communication, le 24 janvier 2011, Christian Brodhag (Afnor, coordinateur des groupes de travail ancien délégué interministériel au DD), avait mis en cause la représentativité des ONG sensées représenter le grand public et suggéré la méthode anglo-saxonne consistant à confier aux entreprises d’un secteur le soin de déterminer quelles sont les organisations représentatives des publics pouvant être impactés par leurs activités et produits !
Et, pendant qu’on y était, puisqu’on parlait des cookies (au passage pour les enlever, les refuser ou mieux les gérer, c’est ici), on a pas parlé de tout le reste et dressé la <liste-à-la-prevert.com> suivante qui n’est absolument pas classée par ordre de priorité :
– les éléments clés d’une stratégie green-IT (matériels, ordinateurs, réseaux, déchets)
– le bilan carbone des sites web et des solutions d’hébergement pour en finir avec la tarte à la crème de « l’hébergement vert » et assurer la promotion de la virtualisation par exemple
– l’open-source comme standard de développement, contre les technologies propriétaires ou à licence (dont flash), et pour une accessibilité aux mal voyants et aux handicapés, et l’universalité du portage dans toutes les langues, tous les appareils…
– la politique de rémunération des sous traitants qui « développent » en offshore et des développeurs free-lance
– la défense de la neutralité du réseau, véritable droit inaliénable et consubstantiel au projet Internet, qui est menacée par les dispositions du Gouvernement (Hadopi, Loopsi voir la Quadrature du Net et les articles d’OWNI), les pratiques de certains opérateurs ou constructeurs de matériels, le business du Deep Packet Inspection…
– l’extraction africaine sanguinaire du coltan dont tous nos téléphones et ordinateurs sont remplis
– la fracture numérique, qu’elle soit technologique, sociale ou financière, ainsi que la lutte contre l’illectronisme
– la déontologie et les problèmes éthiques posés par l’utilisation des réseaux sociaux par les annonceurs, en particulier de Facebook
– le fait de payer des blogueurs pour rédiger des articles favorables sans que cela ne soit transparent pour le lecteur, ou d’intervenir de manière masquée dans les espaces d’échanges pour faire de la promotion ou de la publicité (astroturfing)
– la proscription absolue des méthodes non légitimes de référencement naturel (spamdexing, fermes à contenus)
– etc, etc… car c’est pas les sujets qui manquent et au passage on vous signale cet excellent article sur le “e-marketing intrusif”
Donc vivement la prochaine réunion et curieux de voir le résultat de la dernière, en tout cas, on sera là ! Et comme nous sommes en train de préparer un “Manifeste du web responsable” qui formalisera les bonnes pratiques éthiques en matière de communication et de marketing numériques que nous nous appliquons et que nous souhaiterions proposer aux agences et prestataires => si vous avez des idées ou si vous voulez travailler avec nous : dites le nous via les commentaires ou sur directement par mail.
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