Voici le premier billet d’une série consacrée au voyage de l’équipe LIMITE en Afrique. Un programme très dense alternant séquences séminaire, visites de programmes de développement et participation au Forum Social Mondial 2011.
Pour une agence spécialisée dans les sujets sociaux et environnementaux, participer au Forum Social Mondial est une chance. Aussi avons-nous décidé d’organiser notre séminaire sur le projet LIMITE au Sénégal, au moment du FSM de février.
Outre le partage de la stratégie (prochaines offres, Comité d’éthique, prises de parole…), pour que chaque membre de l’équipe soit pleinement investi du projet et de l’offre de l’agence, ce voyage parfois un peu… « routard » nous a permis d’aller à la rencontre de petits producteurs de la région de Tambacounda engagés dans le coton équitable Max Havelaar, ainsi que de découvrir les progrès spectaculaires du programme de l’ONG PLAN dans la région frontière de la Gambie, au sud de Kaolack, que certains d’entre nous avaient déjà pu visiter en 2005.
Et nous avons pu découvrir le Forum Social Mondial de Dakar 2011.
Pour faire vite, quelques notations (?) impressionnistes :
– La première impression : un foutoir complet, des tentes de réfugiés disposées dans les allées entre les bâtiments de l’université de Dakar (on nous a expliqué que l’ancien recteur, qui était favorable au FSM, aurait été limogé par le président Wade, vexé de ne pas être suffisamment célébré par les organisateurs), un programme de conférences au jour le jour (et même publié par demi-journée), un manque flagrant de moyens…
– C’est une sorte de « Salon des ONG », surtout voué aux rendez-vous de travail que les dirigeants et acteurs des organisations du monde entier n’ont pas le temps de faire le reste de l’année.
– On y comprend comment les connections entre sujets sociaux et environnementaux s’y opèrent au fil de ces rencontres et de ces conférences, avec comme sujet pivot, cette année, l’accaparement des terres.
– Les débats et conférences sont de qualité disparate, certaines ONG emportant la vedette par la meilleure qualité de leur programmation et de leurs moyens techniques (Coordination Sud, Climate Justice, Caritas, Artisans du Monde, Greenpeace…) et d’autres par des échanges forts entre acteurs macro et micro humanitaires.
– La prépondérance des femmes et une vraie relation de plain pied entre militants sud et nord ; la prise de conscience palpable que ce sont désormais les cadres africains, latino-américains et asiatiques, souvent féminins, qui sont aux commandes des programmes de développement (l’un d’entre eux s’est présenté en tant que « toubab noir »).
– Le regret, parfois, d’un côté un peu « pensée altermondialiste unique » : une petite contradiction libérale, ou au moins social-démocrate, ajouterait peut-être de temps à autre du sel à des débats qui ressemblent plus à des séances d’émulation qu’à des confrontations de points de vue.
– Autre bémol, une certaine déconnexion vis-à-vis du reste du pays, où peu de gens sont au courant de la tenue du Forum, sauf par la manifestation dans le centre de Dakar, qui a précédé son ouverture et qui constituait une première depuis belle lurette, dont les médias se sont fait l’écho.
En conclusion, on y trouve du militant et du convenu, du sympathique et du sectaire, du nouveau et de la langue de bois… littéralement « à boire et à manger », surtout sur l’espace restauration, tenu par des associations agricoles et de femmes africaines, qui était sans aucun doute l’endroit à ne rater sous aucun prétexte !