Ce n’est pas sans une certaine appréhension que l’on parle aujourd’hui de « l’Internet des objets » (IdO), ces curieuses machines qui, associant les réseaux de communications numériques -et en particulier mobiles- à l’électronique, permettant ainsi d’étendre les capacités d’Internet à des choses ou à des lieux dans le monde réel.
De la surveillance à la sousveillance, ces dispositifs, plus encore que notre vie privée sur Internet, peuvent tout connaître de nous : à quelle heure nous allumons une lumière, quand nous ouvrons notre réfrigérateur, quelle est notre consommation d’électricité, etc.
Nombreux sont ceux qui posent la question sur le terrain philosophique en se demandant si ces nouveaux objets communiquants ne vont pas bouleverser notre vie et produire de nouvelles formes d’aliénation, voire de soumission.
Comme pour toute question touchant à la technologie est à ses usages, la question est moins de condamner telle ou telle innovation que de considérer à la fois ses usages et son potentiel qui se situe constamment dans une tension entre aliénation et émancipation. En clair, il s’agit moins de savoir si une technologie est (presque par nature) émancipatrice ou aliénante, que s’interroger sur les conditions sociales, culturelle et politique de son appropriation et de son leur usage.
S’agissant de l’Internet des Objets, cette interrogation est particulièrement stimulante. A la faveur du développement de ce que l’on pourrait parler, dans le sillage du logiciel libre, d’une « électronique libre » permettant à tout à chacun de réaliser des montages électronique pour un coût très faible, on voit apparaître des sites qui collectent et visualisent des données particulièrement intéressantes, notamment en matière d’environnement. C’est le cas de Pachub qui permet de stocker, partager, visualiser et comparer des données émanant de capteurs répartis partout dans le monde et touchant à l’ensemble des problématiques liées à l’Internet des objets, notamment la question de la dépense d’énergie ou de la mesure de la qualité de l’air.
In fine, l’objectif de Pachub est de construire à l’échelle mondiale, une base de données alimentée en temps réel par des capteurs permettant de mesurer tout ce qui peut l’être en matière d’environnement : taux de pollution, déperdition d’énergie, qualité de l’air, etc.
Ces données peuvent émaner de sources multiples allant d’agences gouvernementales à celle d’ONG ou de cabinets indépendant, mais -et c’est sans doute là que réside l’originalité du projet- d’individus qui, à partir de dispositifs réalisés de manière artisanale, contribuent eux aussi à alimenter cette base de données. A la faveur du développement d’outils de prototypage sous licence libre tel Arduino, de plus en plus d’électroniciens en herbe déploient des outils de captation de données environnementales qui peuvent s’agréger pour donner une vision mondiale de la consommation en énergie ou de la pollution. C’est en particulier le cas du Center for Embedded Networked Sensing qui vise à promouvoir des dispositifs mobile embarqué de captation de l’environnement en temps réel.
Pour prolonger cet article, on se reportera à l’article récemment publié par Mobile Active et intitulé : Mobile Environmental Sensing Redux: Controversy and Promise.