Je sais bien que la curiosité est un vilain défaut, et que Wikileaks c’est « un peu limite » comme beaucoup le disent en ce moment, et bien ça fait donc 2 bonnes raisons pour que LIMITE s’intéresse à ce qu’on dit des associations et des ONG dans les cables publiés par Wikileaks et qui sont « browsables » par mots clés, par thème, par date, etc. C’est donc après une analyse des principaux cables Wikileaks que l’on peut dire ce que la diplomatie américaine pense des ONG, dont certaines sont clientes de LIMITE (on est trop fiers !), et quelles sont celles qui sont le plus souvent mentionnées par ces « fuites », tout cela mériterait d’être approfondis et cela ne porte que sur les quelque cables disponibles actuellement donc c’est une affaire « à suivre »… D’abord, commençons par le plus facile, les ONG « non occidentales » qui sont dans le meilleur des cas « à surveiller » comme la Sahrawi Asssociation of Human Rights Victims au Sahara Occidental (Maroc) et les ONG de la Bolivie de Morales qui bénéficieraient de manière indirecte de l’USAID, ou dans la plupart des configurations soupçonnées d’être des soutiens au terrorisme (Hamas, Al Qaeda…) comme l’IHH (Turkish Humanitarian Relief), l’AHF (l’ONG saoudienne Al Haramain Foundation), les ONG pakistanaises Al Rashid Trust et Al Akhtar Trust (interdites par l’ONU), Dar Al-Birr une ONG des Emirats Arabes Unis… Ensuite au tour des ONG « occidentales » dont les plus souvent citées par les cables sont le WWF, Greenpeace, Human Rights Watch, Amnesty International (qui consacre d’ailleurs des pages au cas Wikileaks / Julian Assange en regard des droits de l’homme et de la liberté d’expression), Médecins Sans Frontières et la Croix Rouge qui sont jugées par la diplomatie US comme relevant de 2 problématiques convergentes sur le fonds mais contradictoires dans les faits concrets puisqu’elles sont à la fois :
- des sources crédibles quand cela arrange le corps diplomatique :
Le WWF est ainsi abondamment mentionné dans les notes qui traitent de la « Mafia des forêts » en Russie et de ses trafics et intimidations de même que Greenpeace, alors que Ni Putes Ni Soumises (NPNS) et sa responsable Samira Cadasse dont les propos sont pris très au sérieux (de même que ceux d’Alain Finkelkraut et le blog d’Alain Juppé – SIC) sont « quotées » intégralement pour alimenter un cable démontrant que les émeutes dans les banlieues en France ne sont pas liées à « The islamic factor ».
- des menaces politiques :
Là c’est donc la même crédibilité et les informations ou la présence des ONG qui sont jugées comme gênantes. C’est vrai pour Guantanamo et les « vols secrets de la CIA » avec le cas d’une ONG espagnole qui a demandé la traduction en justice pour torture de responsables américains, pour Reprieve et Human Rights Watch et pour l’ONG « Caged Prisoners » créée par Moazzam Begg un ancien détenu de Guantanamo dont l’accueil en Europe et en France a été mentionné comme « chaleureux » et donc problématique. Même problématique pour l’Afghanistan, l’Irak et la Guinée où Human Rights Watch est pointée comme un acteur qui complique la problématique d’action de la diplomatie américaine. Autres exemples où l’action des ONG complique la gestion des affaires : les bombes à sous munitions, la violence à Rio de Janeiro (MSF), l’action de Greenpeace et d’IMAZON contre la déforestation au Brésil, ou enfin le « travail » de Pfizer au Nigéria (« Pfizer’s management considers Nigeria a major growth market for its products and having this case behind it will help in efforts to rebuild its image here ») qui serait favorisé par un rapprochement avec les ONG locales mais cela paraît difficile du fait de la présence de MSF à Kano. Mais là encore, aucune « révélation » ou secret d’Etat (ça à l’air très important pour beaucoup donc disons le même si on est pas trop d’accord), juste la confirmation que les ONG sont un acteur clé dans les environnements nationaux et internationaux et que les plus crédibles d’entre elles compliquent par leurs actions la tâche de l’opacité et favorisent des voix dissidentes : comme Wikileaks d’ailleurs qui pourrait à terme devenir un « média ONG » pourquoi pas ? Ajout 13 décembre 2010 : nous avions devancé la modification de la stratégie d’Anonymous (We, The People) qui, après avoir mobilisé pour travailler à la perturbation des sites Visa, Mastercard et Paypal (opération #Payback), invite désormais à chercher dans les #cables de #wikileaks à la recherche d’informations « croustillantes » et à les publier (opération #leakspin) : c’est ce qu’on a fait !
C’est très bien, continuez.
Pourquoi donc ne pas contribuer à l’opération Leakspin alors ?….
c’est ce qu’on fait avec cet article (cf. la fin), et aujourd’hui 18 décembre, on pourrait aussi participer à l’opération paperstorm !