La saison est aux mobilisations de masse : un visiteur de Rue 89 a décidé d’alerter l’opinion contre un nouveau crime publicitaire, faire croire aux jeunes téléspectateurs que le Père Noël n’existe pas !
Certes, quand on voit les enfants, le jour de Noël, se vautrer dans la vacuité et l’insatisfaction de l’hyper-consommation en déchirant frénétiquement des dizaines de paquets cadeaux pour en délaisser le contenu, made-in-asia à peine découvert, on peut se demander si le mythe marketing et marquété du Père Noël relève de « L’Imaginaire Vrai », premier pilier de la Copie Stratégie Responsable.
Les cerveaux des instances de défense de l’industrie de la communication, qui élaborent en ce moment des stratégies sophistiquées pour, comme le dit Gérard Noël (Vice-Président-Directeur Général de l’Union des Annonceurs depuis quelques années), « redonner ses lettres de noblesse à la publicité » face à l’effondrement continu de l’image de leur profession, ne manqueront pas de faire remarquer que, si ce Papa avait consacré un peu de temps à son enfant pour, par exemple, lui lire un livre, par exemple sur la sobriété heureuse racontée aux enfants, plutôt que de la laisser se gaver de films américains à la télé, cet accident n’aurait pas pu avoir lieu.
Cela dit, à l’ère d’Internet, la levée du secret sur le Père Noël ne sera peut-être pas le plus grand risque auquel cette petite fille sera exposée.
Et puis, pour une fois qu’une banque n’essaie pas de nous faire croire au Père Noël… Par exemple, si on compare le Crédit Mutuel avec sa cousine, coopérative également, la Banque Populaire, qui fait campagne en nous racontant des contes de fées, il faut reconnaître que l’argument hyper-précis de l’absence de commission des chargés de clientèle du Crédit Mutuel tape juste. Sans compter la réalisation, de qualité sans tape-à-l’œil, et bien plus pertinente sur notre vie quotidienne, que bien des réclames braillardes qui abrutissent grands et petits (car n’oublions pas que les ¾ des campagnes qui sortent des agences des grands publicitaires qui nous expliquent que ce qui rendra la pub à nouveau populaire, c’est la créativité et l’intelligence, sont des merdes débiles et promotionnelles… à quand une notation des agences en fonction de l’ensemble de leur production ? CHICHE !).
Ce n’est pas le rôle du Collectif des publicitaires eco-socio-innovants de venir au secours du Père Noël et de lutter contre le « Santa Claus coming-outing ». De toute façon, le Jury de Déontologie de la Publicité de l’ARPP ayant, d’après Rue89, été saisi par ce papa en colère du fait qu’il n’y a pas de plus grand mensonge public et de cause plus urgente, on ne doute pas que, soucieux de redorer l’image de la Publicité, il va avoir à cœur de réprimer plus sévèrement que… jamais, l’expression de bon sens populaire « on nous fait croire au Père Noël ».