Alors qu’approche le 1er week-end de décembre (http://www.afm-telethon.fr/), temps national de la célébration médiatique de la générosité, les rumeurs de fin de règne ressurgissent dans Le Figaro.
Comme le disait hier le dircom d’une grande association, c’est à croire que les communicants de l’AFM s’inventent chaque année un ennemi pour ressouder leurs troupes ! Evidemment, il n’en est probablement rien, et il s’agit finalement sans doute, comme sur d’autres sujets, de ce qui attend tout leader sur son secteur : être la cible d’attaques qui peuvent à la fois le renforcer et l’affaiblir.
La polémique lancée par Pierre Bergé à la veille du Téléthon de l’année dernière (pour revoir en vidéo sa déclaration), explique-t-elle les rumeurs d’hésitations actuelles de France Télévision ou du CSA, voire la baisse des résultats de cette collecte cruciale ?
C’est peu probable. Les montants collectés lors du Tsunami du 26 décembre 2004 (115M€ : source) ou du tremblement de terre en Haïti du 12 janvier 2010 (environ 35M€), quelques semaines après le Téléthon, montrent qu’il y a réserve de générosité et que le Téléthon ne « prend » pas de l’argent aux autres causes.
Et puis, comme le montre cette courbe établie à partir des comptes rendus publics par le Téléthon, cela fait 6 ans que son résultat a atteint un pallier, 3 ans qu’il baisse et 2 ans qu’il est redescendu en dessous des 100 millions d’euros.
Et ce malgré un développement spectaculaire des dons en ligne, qui ont constitué 15% de la collecte du Téléthon 2009 (source rapport d’activité de l’association).
Les raisons de ce plafonnement s’expliquent peut-être par un essoufflement de la formule (faible audience pénalisante pour le partenaire télé, communications manifestement inefficaces pour expliquer à quoi servent les dons, …).
Elles sont sans doute aussi à chercher du côté de la situation économique, la multiplication des nouveaux acteurs para-publics (écoles, aide sociale, santé) qui ont perdu leurs subventions (c’était un gros sujet du Forum des Associations de cette année) et qui sont confrontés à la baisse de 20% du mécénat d’entreprises (source ADMICAL – pdf).
Mais l’explication réside peut-être dans la conjonction entre une « dono-fatigue » profonde, à la fois fruit de la crise économique, face à laquelle les donateurs traditionnels sont la « génération-support » mais qui arrivent peut-être au bout de leurs réserves d’épargne et avouent une baisse de l’intention de donner (48% en septembre 2010 contre 53% en 2007 (source France Générosité).
Certes, selon cette même étude de France Générosité présentée le 10 octobre au Secours Populaire, le montant global de la collecte identifiée par le CerPhi augmente de 5,5%, atteignant 1,772 milliard d’euros en 2009. Cette tendance à la hausse se confirme même sur les premières estimations 2010 (avec +6,35% par rapport au 1er semestre 2009). Mais André Hochberg met un bémol à ces bonnes nouvelles en soulignant que les déductions sur l’ISF (qu’il est encore question de supprimer en 2011) ont largement soutenu cette croissance, qui, selon lui, n’aurait pas dépassé 1 à 3% sans elles.
Et puis cette croissance globale de la collecte se concentre sur un nombre déclinant, depuis 2006, des mêmes donateurs qui donnent un montant moyen en augmentation constante (121€ en 2009), en particulier grâce au savoir-faire des fundraisers qui, par exemple, on su développer le prélèvement automatique, l’information, etc.
La tendance durable à la baisse du Téléthon, lequel ne bénéficie pas de ce travail de fidélisation dans la durée que font les associations classiques, n’est-elle pas donc, finalement, au fond, le reflet des tendances du don de la société française, une sorte de « coup de sonde géant » ? Il faudra cette année particulièrement s’attacher à comparer les campagnes de l’ensemble du secteur caritatif, avec les résultats de cette édition des 4 et 5 décembre prochains, à laquelle nous souhaitons, de tout cœur, plein succès.
Je crois beaucoup en effet à un essoufflement de la formule, qui, un peu comme le traditionnel journal de 20H, doit revoir son mode de diffusion et de « consommation » par les personnes susceptibles de faire un don. Le Téléthon est une institution ancienne et sérieuse, mais le concept commence un peu à prendre la poussière, et même si les organisateurs utilisent ou non (je ne sais pas) les nouveaux moyens de communication (réseaux sociaux, web), l’info circule mal… Sans allumer la télé, on passe à coté du téléthon, alors que l’on passe rarement à coté du Sidaction, non ?
Je suis tout à fait d’accord avec le coté essoufflement de la formule. Le téléthon est une institution sérieuse et ancienne, mais j’ai le sentiment que la formule prend la poussière, malgré sans doutes des actions entreprises pour redynamiser. La com’ ne m’est en tout cas pas encore parvenue, en ce qui concerne les canaux extra TV utilisés par les organisateurs…