Lundi 11 octobre 2010 à 14h30, la Maison de la RATP, à Paris, accueille l’ADMICAL pour son grand colloque annuel « Enjeux et perspectives du mécénat d’entreprise », à l’occasion duquel est présentée la troisième étude annuelle sur les tendances du mécénat en France, menée par l’Institut CSA et commentée par Stéphane Rozès, Président de CAP.
Quelques notes, twitées à la volée, en attendant le compte-rendu exhaustif sur le site :
Bénédicte Ménanteau, déléguée générale de l’Admical :
– en 2010, l’Admical a accompagné 7 nouvelles fondations d’entreprises sur les 17 créées en Fance. Sur les 430 fonds de dotation créés depuis la mise en place du dispositif en 2009, 10% l’ont été par des entreprises
– le mécénat répond parfaitement au paradigme selon lequel finalité de l’entreprise ne doit plus être seulement axée sur les résultats financiers
– 2009-2010 est une année de baisse et de mutation, qui ouvre une nouvelle ère du mécénat d’entreprises en France,
– qu’on pourrait caractériser par trois axes majeurs :
1) recherche de proximité
2) de plus en plus de PME
3) pour les grandes entreprises, fusion entre stratégies de mécénat et RSE
Etude de l’Institut CSA présentée par Isabelle Panhard :
– 27% des entreprises de plus de 20 salariés déclarent faire du mécénat (+4%), soit 35.000 entreprises en France
– un montant de 2 milliards d’euros en 2010 en baisse de plus 20% (2,5 milliards d’€ en 2008) !
– quelques variations :
- culture en chute (confirmée par les réseaux de proximité de l’administration, qui constatent une baisse de 15% du mécénat culturel, mais +56% depuis début 2010)
- mécénat sportif en hausse ? ou simplement reports de sponsoring sur le soutien à des actions moins visibles ?
- hausse des mécénats pour l’aide internationale, pour 220M€ (rôle d’Haïti ?)
- un mécénat environnement qui ne croît plus (= 12% du mécénat français)
- baisse des mécénats fléchés sur la recherche médicale
– de plus en plus d’entreprises (79%), grandes ou petites, privilégient les mécénats au profit d’actions régionales ou locales
Stéphane Rozès, toujours synthétique et limpide, met ces résultats en perspective par rapport aux évolutions qu’il constate dans la communication d’entreprise :
– plutôt que de parler de « cibles », « consommateurs », « citoyens », « électeurs » ou « donateurs », etc., il faut de plus en plus parler « d’individus » (« multidimensionnels », ajouteraient les Publicitaires éco-socio-innovants 😉 ), soucieux de leur empreinte (sociale et environnementale) sur le monde
– ces individus multidimensionnels vivent une « double vie » : 63% d’entre-eux disent qu’ils ne croient plus à ce que disent les entreprises, et pourtant ils se réalisent à travers leurs actes d’achat et attachent de plus en plus d’importance à ces communications des entreprises auxquelles ils réagissent vivement
– le mécénat est potentiellement un outil de construction de la relation avec l’entreprise dans la prise en compte de cette ambivalence
– le mécénat, demain, ne sera plus un moyen de communiquer seulement sur « l’empreinte » mais sur la « contribution » de l’entreprise ; d’où l’importance de sa dimension de proximité
– le patron est le garant de ce trio gagnant (cohérence, pérennité, proximité) de la communication d’entreprise de demain dont le mécénat est un potentiel clé
Olivier Tcherniak, Président de l’ADMICAL :
– Seules 53% des entreprises utilisent les déductions fiscales « Je ne pense pas que ce soit un moteur pour les grandes entreprises ». En revanche ça pourrait l’être pour les petites, qui se heurtent souvent au plafond de 5% (beaucoup du coup ne donnent pas plus de 2.000€). On aurait pu l’ouvrir au moment du débat sur les « niches fiscales », cela aurait favorisé plus d’investissements (http://www.admical.org/fullarticlepage.asp?newsID=2671&public=true&contentid=112)
– Côté négatif, les grandes entreprises à cause du rapprochement croissant entre mécénat et communication, imposent aux associations une professionnalisation inaccessible pour les plus petites d’entre elles. Il faudrait systématiquement intégrer un pourcentage du budget qui leur est alloué pour permettre aux plus « terrain » d’entre elles d’y faire face, au risque de ne voir que des très grosses associations capables de bénéficier du mécénat
Emouvante intervention de Jacques Rigaud, fondateur de l’Admical en 1980 :
– « Nous avons réussi à acclimater le mécénat à la France. C’est un élément de la liberté d’entreprendre »
– En revanche, plutôt que « d’intérêt général » Jacques Rigaud pense plus pertinent de parler de « bien commun », car les individus et les communautés sont distincts de l’Etat, qui se porte mal aujourd’hui en France, alors qu’elles sont la source de l’espoir et des dynamismes
J’ai également noté un autre point de conclusion d’Olivier Tcherniak : la difficulté, pour les structures du spectacle vivant, de trouver un financement pour ce qui est leur coeur de métier. Les opérations de mécénat croisé sont souvent privilégiées, au détriment de l’aide aux artistes ou de l’aide à la création.
Ceci fait écho à un article d’Andras Szanto, paru en juin, sur la difficulté d’argumenter en faveur de l’art :
http://www.theartnewspaper.com/articles/Funding-the-state-of-the-art%20/20989