Pour recevoir Thierry Henry et discuter de la débâcle des Bleus, le Président de la République a annulé une réunion prévue de longue date avec les ONG en préparation du G20.
Coordination SUD, qui fédère les ONG de solidarité internationale concernées par la décision, a préféré boycotter la réunion de substitution proposée avec Bernard Kouchner et Alain Joyandet.
Anicroche sans importance ou véritable maladresse dans la communication du chef de l’Etat?
Le message qui semble le plus évident est que, aux yeux des communicants de la cellule élyséenne, Thierry Henri pèse plus que les milliards de personnes en difficulté représentés par les 140 ONG de Coordination Sud. Son président, Jean-Louis Vielajus, s’est d’ailleurs exprimé avec vigueur :
« Pour le Président de la République, recevoir un footballeur est plus important que la situation des trois milliards de pauvres des pays en développement. C’est un très mauvais signal pour la politique de coopération de la France ».
Une position relayée ensuite par Care France et le Directeur général d’Action contre la Faim François Danel.
Mais on peut aussi s’interroger sur les répercussions possibles de la décision élyséenne sur l’opinion de la société française.
De toute évidence, ce ne sont pas les pauvres des pays pauvres qui voteront aux prochaines présidentielles françaises. Leur opinion aura peu de poids sur l’élection de 2012. En hiérarchisant ainsi ses rendez-vous, Nicolas Sarkozy se montre même à l’écoute des préoccupations immédiates de nombreux Français. Il incarne le reflet du Français moyen pour qui l’équipe française de foot est l’info la plus importante du moment.
Un intérêt qui s’illustre d’ailleurs dans le baromètre 2009 de France générosité: il montre que l’intérêt des donateurs pour des causes de long terme comme la défense des droits de l’homme fléchit au profit des causes de proximité.
Toutefois en se mettant ainsi à dos le tissu associatif, Nicolas Sarkozy semble manquer de distance sur l’actualité. Il rate l’occasion de replacer les affaires internationales au centre des préoccupations présidentielles. Il aurait ainsi pu installer sa fonction de chef de l’Etat au dessus des démêlés du piteux Mondial. On se demande finalement ce que va faire le Président de la République dans cette galère .
Au fond, le vrai contre pied n’aurait il pas été de faire savoir que le choix de Nicolas Saroky s’était porté sur les vrais sujets (et qu’il manifestait peut-être ainsi plus fortement son mépris pour la navrante épopée de l’équipe nationale) ?
Sachant que, en matière de prise en compte du poids réel des associations dans la société française, peu de partis politiques se distinguent par leur clairvoyance et un réel investissement, cela aurait été l’occasion d’un signal fort pour les ONG que de leur donner la priorité.