Sans jamais dire que son désherbant est «bio» ou «vert», après 30 secondes passées à regarder l’affiche nous en sommes convaincus. Pourquoi? Décryptage de la publicité print -agence Affinity- pour le nouveau désherbant de Bayer.
> L’argument-logo : « Nouvelle Génération »
Trois fois sur l’affiche nous voyons cette appellation qui semble être une sorte de label. L’usage de majuscules et la présentation au sein d’une feuille schématisée, que l’on retrouve sur la bouteille et à ses côtés, laisse croire que ce «logo» repose sur des arguments forts –et écologiques, cela va de soi.
Or, cette appellation vague n’est pas vraiment justifiée. Elle est fondée sur des mots ambigus qui, peints en vert, sonnent développement durable : nous pouvons lire «prise de conscience des générations futures» quand Bayer peut dire tout simplement «nouvelle gamme de produits».
> L’accroche « inspiré par la nature et amélioré par la science»
Nous retrouvons ici un discours classique, et peu étonnant de la part de l’industrie des phytosanitaires : la vision scientiste, qui postule la domination de la technique. Il suffit de retourner la phrase pour s’en rendre compte : «la nature a besoin de la science».
Toute cette publicité est d’ailleurs construite sur l’opposition entre la nature et la science. D’un côté la couleur verte, les plantes dessinées dans le fond, le champs lexical de la nature ; de l’autre la science, avec le rouge vif, le logo de Bayer -qui reprend l’image de l’homme de Vitruve de Vinci- le vocabulaire («action», «effet» et les noms de produits chimiques inconnus du grand public).
> Les trois piliers (d’argile) rouges
Au bas de l’affiche, Bayer présente les bases de son innovation, une explication de l’argument présenté au dessus. Ces trois paragraphes sont censés définir le produit, et nous dire pourquoi ce produit serait «vert». (D’ailleurs, pourquoi cherchons-nous des réponses à cette question, puisque nulle part Bayer nous le dit … )
Ces explications reposent sur un principe usé, celui du jargonnage scientifique, adapté à la situation : le désherbant est fait de «matière» (et non de «substance» ou «produit») ; celle-ci est «active naturellement» et «présente dans l’environnement» (tout comme les radiations solaires, pourtant il est légitime de s’en méfier).
Bref, aucune explication qui pourraient faire réellement sens et prouverait un engagement de la marque pour le respect de l’environnement.
> Conclusion : le greenwashing, ce n’est pas terminé ?
Bayer, c’est donc le joli patch que l’on applique à son jardin tout propre (le blanc n’est pas innocent, il représente une certaine idée de pureté d’un jardinet vert & blanc, sans le sale marron de la terre).
Le désherbant organise et régule la jungle verte en deux temps trois pchits. L’harmonie d’un sablier vert en filigrane s’efface devant le désherbant miraculeux. La bouteille, au centre de plantes (pratiquement en papier mâché), et les couleurs de la marque recouvrent les plantes plus sauvages, que l’on découvre encore sous le logo Bayer dans le coin haut droit.
Il ne fait pas bon vivre parmi les herbes folles, une situation que les Pestes Acides n’auraient pas appréciée ?
[EDIT : Un point important reste à noter, comme le dit Sébastien : ce nouveau désherbant utilise des produits plus « soft » que ceux de type Round’Up qui sont l’acide pélargonique et l’hydrazide maléique. C’est une avancée, mais qui ne doit pas masquer le fond du problème : la nécessité d’avoir un jardin de particulier dans lequel aucune « mauvaise herbe » ne doit exister, donc dans lequel les produits phytosanitaires sont nécessaires.]
Nicolas Danet
Le Finalsan est un produit attendu depuis longtemps, autorisé déja dans d'autres pays car moins nocif pour l'écosystème dans lequel il est appliqué.
L'Autorisation de Mise sur le Marché (AMM) de se produit s'est faite attendre)
Il semble que la profession le reconnaisse comme un produit de substitution aux produits contenant du glyphosate (molécule active notamment connue dans le méga dégeu Round'Up). MDRGF l'a classé dans les produits les moins toxiques il me semble. AMM n°2090124 / Sans classement toxicologique. Mais il n'est pas utilisable en agriculture biologique. Le mieux du pire n'est effectivement pas du bon.
Il existe moult façon de jardiner bio, sans utilisation de ces merdes.
A priori de ce que je vois de la publicité, il ne me semble pas, à part peut-être le faux logo » Protégeons demain dès aujourd'hui « , qu'elle utilise l'environnement comme argumentaire principal. Le vert, c'est pour les jardins. Normal. Si on mettait du orange ou du bleu on se demanderait de quel univers on nous décrit le tableau. L'expression » Nouvelle Génération » peut certes établit un parallèle douteux avec la généalogie humaine, mais là, compte tenu de l' »innovation », on peut parler de nouvelle génération de produit. La molécule active n'est pas chimique mais bien naturelle. Or, tout à fait d'accord, la nature ne nous offre pas que des substances bonnes pour la santé, comme celle-ci.
Donc je reste secptique quant à appeler ce type de publicité du Greenwashing. Les codes ne sont pas révolutionnés au point d'assimiler ce produit à un produit bon pour l'environnement.
En effet, l'univers du Jardin a souvent été associée à la couleur verte… quelque soit la nature et la toxicité des produits.
Il n'y a qu'à prendre l'exemple typique du Roundup qui a un contraste encore plus fort, notamment lié à la polémique autour de ce produit.
Si on pousse l'idée de cet article, on peut dire que l'univers produits Jardin/Agricole tout entier n'est que du Greenwashing, notamment quand les produits sont issue de l'industrie de la chimie.
Au delà du Greenwashing se pose la question essentiel du Marketing, le marketing au sens faire rêver les gens pour faire acheter le produit.
De même quand on nous vend l'image des agriculteurs et de leurs belles campagnes vertes… cela contraste avec des batiments agricoles industriels, l'usage intensif de pesticides et autres produits chimiques.
Quand on nous met l'image d'un beau poulet en campagne sur l'étiquettage sur un poulet élevé en batterie industriel,… voilà comment on nous vend du rêve à partir d'une autre réalité.
Bref, greenwashing sectoriel? ou simplement standards d'un secteur?