Alors que son image est écornée par les scandales de pédophilie, l’Eglise catholique sort une campagne de communication à l’échelle nationale, assortie d’initiatives locales remarquées. Un coup sacrément bien relayé par les médias.
Pour une journaliste qui enjambe la barrière et passe de l’autre côté, le monde de la communication apparaît comme un excitant terrain de jeu dans lequel la règle principale serait de continuer à informer, en servant au mieux les messages dans lesquels elle croit. L’agence Limite a bien voulu me laisser jouer à ce jeu là.
Pour l’Eglise catholique, la communication revêt un tout autre enjeu: faire parler d’elle et redorer un blason largement terni par l’actualité. Pas de marque à vendre mais un engagement religieux à proposer. Et devant la pénurie de prêtres, l’Eglise déploie l’artillerie lourde, enclenche le mode « tendance » et les journaux participent à la pub.
Il faut avouer qu’elles ont sacrément du chien, ces campagnes d’affichages ciblées selon les âges. Pour les 16/22 ans, 70.000 cartes postales humoristiques sont distribuées : elles montrent un jeune blond qui tient une pancarte représentant un costume de prêtre et ce badge : « Jesus is my boss« .
Au dos du flyer, un site internet Etpourquoipasmoi.org et un groupe Facebook. Sur le site très branché ado, des vidéos de la Prêtres Academy, parodies bien senties de la Star Ac’:
[dailymotion]http://www.dailymotion.com/video/xcvp4q_episode1-pretres-academy_webcam[/dailymotion]
Faux prêtre pour vraie vocation
Les plus grands ne sont pas en reste. Ainsi, cette belle affiche qui a fait parler d’elle, mais pour d’autres raisons.
Si le texte a bien été écrit par un prêtre, le beau Timothée de Langres, lui, n’existe pas. L’homme qui pose est un modèle, « tout comme les publicités pour les banques ne montrent pas de vrais banquiers« , se justifie Bayard Service, à l’origine de cette campagne de plus de 200.000 euros.
Plusieurs journaux se sont étonnés que la communication ne s’axe pas sur de véritables prêtres, comme Rue89. France 3 Champagne-Ardenne a également réalisé cet intéressant reportage dénonçant le « canular » :
Mais la plupart des journaux se sont simplement amusés à relayer la campagne de com’. Le plus souvent pour en montrer le côté branché, sans s’émouvoir de la promotion d’une religion dans un pays laïque, quand on parle d’interdire les minarets d’une autre. La religion catholique, un sujet presque léger. Si une autre confession avait organisé le même type de campagne, l’accueil médiatique aurait-il été identique? « J’aime la vie. Je suis… » imam? pasteur? rabbin?
Au-delà de son image sympathique, l’Eglise a réussi un sacré coup: être relayée par les médias pour le côté iconoclaste de sa campagne de communication. Face à une telle réussite sur un sujet si sensible, on peut penser que, vraiment, le monde de la communication est un terrain de jeu excitant auquel je suis ravie de participer.