L’adage est connu depuis le début d’Internet mais il n’a jamais aussi vrai qu’aujourd’hui : non le réseau ne dort jamais et il n’est pas prêt de dormir…
Attali avait parlé de 6ème continent au tout début 2000, c’est désormais Luciano Floridi qui qualifie dans une traduction récente en français Internet de 4ème révolution en parlant d’Internet, 4ème après Copernic, Darwin et Freud. Pour lui, nous poursuivons avec Internet notre programme informationnel, comme nous le faisons depuis l’âge de bronze et l’invention de l’écriture en Mésopotamie au 4ème millénaire avant notre ère avec à présent une révolution centrée sur le silicium, alors que celles qui l’ont précédé étaient basées sur le carbone.
Luciano Floridi annonce la prochaine disparition de la frontière on et offline au profit d’un monde complètement « onlife », un « environnement qui fonctionne de n’importe quelle chose à n’importe quelle chose (a2a – anything to anyhting), partout et tout le temps (a4a – anywhere for anytime) et en temps réel » : on aurait pas dit mieux…
Ce réseau là, qui est en devenir aujourd’hui, déjà là mais pas encore en phase avec les usages, la culture et les intérêt des générations qui possèdent la main pour le déployer, ce réseau là est en train de « hacker » (au sens premier du terme) des secteurs entiers de l’économie mondiale, la politique et la société civile (lire les contributions et les ouvrages de Laurence Allard et d’Olivier Blondeau).
En appliquant méthodiquement le modèle du bazar et non pas celui de la cathédrale, ce réseau ne créé pas d’anarchie mais bien un nouvel ordre, ou un ordre nouveau comme on voudra. Les logiciels libres et l’open source, Wikipédia, les blogs, les Creative Commons, les API ouvertes… tout cela fabrique du commun et c’est tant mieux, ça change…
Au-delà des « vertus démocratiques » d’Internet, l’idéologie « libérale-libertaire » du réseau apporte un vent nouveau dans les prises de paroles et les capacités d’action : son pouvoir égalisateur et son caractère capillaire n’ont pas fini de nous surprendre. Mais la prophétie deleuzienne de la « société de contrôle » que le numérique permet n’a pas non plus fini de nous effrayer, car elle est tout aussi violente que la société disciplinaire qu’a si bien étudié Foucault.
Ayons malgré tout confiance avec Dominique Cardon : les hackers, les développeurs du libre, les activistes des biens communs, les prophètes de l’intelligence collective, les avocats des téléchargeurs-remixeurs, les apôtres de la liberté d’expression et des travestissements identitaires, les militants d’une information alternative et les universitaires ont été les premiers théoriciens praticiens de l’Internet, et ils le resteront pour nous préserver des dérives que nous constatons.
Instaurer un réseau aussi facile à lire qu’à écrire, en rendant la contribution simple à tous les utilisateurs connectés, c’est créer de nouvelles conditions de possibilités et se payer le luxe de voir surgir des choses incroyables tant les communautés et les modes d’actions Internet sont « électifs » donc très puissants, ce pour le meilleur comme pour le pire.
Pour les marques associatives, les ONG, les entreprises, les institutions et le Gouvernement, la configuration est donc complexe mais il s’agit là encore de faire confiance à ceux qui créent, maintiennent et utilisent le réseau avec éthique et de manière responsable. C’est vrai pour les individus, les organisations et pour nous aussi.
C’est pour cela que l’Agence veille, participe, évangélise et travaille tous les jours à construire un Internet toujours plus responsable.
C’est vrai au sens large par les liens que nous avons avec des personnes de l’ISOC ou de la Quadrature du Net, c’est vrai par l’attention que nous portons à nos choix techniques et nos partenaires en privilégiant le « libre » et l’accessible, c’est vrai également au niveau de notre profession car nous tentons d’élaborer avec nos collègues et néanmoins concurrents, dans le cadre des associations professionnelles ou pas, des bonnes pratiques pour une communication et une collecte de fonds responsables, et c’est encore vrai pour finir par le quotidien, en interne et auprès de nos clients, par le souci que nous avons en permanence de mettre en place des stratégies Internet éthiques, économiques et bien sûr performantes !
Donc pour résumer : le réseau ne dort jamais, mais nous non plus !
Et c’est pour cela que l’Agence va très prochainement proposer aux organisations qui placent Internet au coeur de leurs stratégies de nouveaux moyens d’agir, de nouvelles méthodes de travail et des solutions simples pour tirer le meilleur parti du numérique.
A bientôt donc.