Ca y est, je me suis fait le dernier Seth Godin, il date d’octobre 2008 en fait car j’ai attendu la version française qui est d’août 2009. Il s’agit de « Tribus. Nous avons besoin de vous pour nous mener. »
Comme je les ai tous lus, les uns en anglais, d’autres en français, je peux dire que c’est du grand Seth Godin (dont on peut plus régulièrement la prose sur son blog, un des plus consultés au monde).
Des Grateful Deads à Craiglist, il analyse et devise au sujet des tribus de tous ordres, online mais surtout offline car comme il le rappelle justement : les communautés existent en dehors du web, le web leur donne juste l’opportunité et les moyens de commencer ou de continuer à échanger plus facilement.
Et pour lui une tribu c’est aussi et toujours un leader : le leader créé la tribu, l’incarne et la guide. Devenez donc un leader de tribus, créez votre tribu, apprenez à fédérer les tribus : c’est ça son livre.
Obama a compris, Acumen aussi dit Seth Godin, que le web connecte les gens et que les gens sont attirés par l’appartenance, le fait d’apporter une contribution les leaders. Les gens veulent croire en quelque chose : la religion est mauvaise mais la foi est indispensable.
Le marketing doit créer des partisans, des sectes bienveillantes, des zones d’autonomie temporaires, des mouvements de foules sereins et jubilatoires, du bouche à oreille et de la recommandation en tâche d’huile…
Le récit (storytelling) et le leader créent la tribu. Une tribu se mène par la base, par l’interaction et la foi en son leader. Vous n’avez pas besoin de beaucoup de fans dans votre tribu. Quelques milliers suffisent. Tout le monde peut être un leader et fédérer autour de lui une tribu. Les hérétiques sont les moteurs du changement car ils la foi en autre chose.
Mais là où Seth est toujours surprenant, ce sont sur ces oxymores conceptuelles et ses contradictions absurdes du point de vue rationnel, mais qui a dit que le marketing et les gens l’étaient : « il est plus facile de mener les gens là où ils ont déjà décidé d’aller » et plus loin « on ne fait pas le changement en demandant la permission. »
Nous chez LIMITE, on s’y retrouve beaucoup dans tout ça. Les marques, qu’elles soient marchandes ou non marchandes, fédèrent autour d’elles des tribus et on tente de contribuer à faire en sorte ce soit le cas pour les associations, les fondations, les ONG et aussi les entreprises engagées issues de tous les secteurs marchands.
Seth Godin prend beaucoup d’exemples dans le secteur non-marchand, et parle beaucoup de marques éthiques ou engagées, passionnées et responsables, car elles sont pour lui comme pour nous les plus puissantes, les plus rentables et les plus efficaces.
Il cite Mark Rovner qui est un ponte du secteur nonprofit (voir son blog): « L’ère du mailing direct avec des taux élevés de réponse est révolue. l’économie du mailing direct est en train de décliner. C’est un état de fait plus ou moins admis. Faire un mailing coûte plus cher et chaque mailing génère de moins en moins de nouveaux donateurs. Cette tendance a été quelque peu masquées par des dons en moyenne plus élevés en provenance des donateurs fidèles. Mais tôt ou tard, la crise en matière d’acquisition affectera le solde final. Pour certains, c’est déjà le cas. Ce qui se passe actuellement pour un modèle de levée de fonds en ligne est, au mieux, une solution de dépannage. »
Reste à savoir si cette prophétie se réalisera. Aux Etats-Unis, patrie d’internet, le papier reste de loin la première source de financement grand public des associations. En France, c’est encore plus vrai puisque les dons en lignes sont évalués à 1,5% du total des dons (aux USA c’est 4,5%).
Quoiqu’il en soit, c’est la stratégie, l’attractivité, l’innovation, l’ouverture qui permettront de répondre à ce nouvel état de fait : que ce soient des clients, des donateurs, des partisans ou des promoteurs, certaines marques et certains individus créent des tribus. Parce qu’ils innovent, prennent des risques, agissent toujours « en outsider » et jamais en monopole ou en dominant, initient et donc se trompent beaucoup aussi mais ils provoquent la sympathie, l’amour, l’indulgence et la fidélité.
Seth Godin cite également Einstein : « L’imagination est plus importante que le savoir » et ça aussi on le partage, car parfois on ne sait pas dire autre chose que : « on ne veut pas savoir pourquoi c’est comme ça mais on a des idées pour imaginer des solutions. »
Great Seth !
Bon. Maintenant que tu as fini de le lire, tu me le passes ? non ?