L’Agence Limite accompagne les organisations qui souhaitent communiquer de façon responsable, en leur offrant du conseil, ainsi qu’un appui dans la mise en oeuvre de dispositifs offline et online.
Je voudrais brièvement rendre compte ici de ma participation à la dernière réunion de la communauté Drupal France (à La Cantine le 9 octobre dernier). Drupal est un logiciel de gestion de contenus (aka un CMS), autrement dit il permet de construire des sites web modulaires.
Drupal est disponible sous licence open source GPL, c’est à dire que l’on peut en faire librement usage, mais également que l’on a accès au code source : on peut dès lors l’étudier et l’étendre selon ses besoins.
L’usage de solutions libres et open source dans le cadre des activités de l’Agence Limite, coule… de source (à chaque fois que c’est possible bien entendu). Un bref détour par une actualité tout fraîche, soulignera à quel point un tel choix renvoie à des enjeux profonds.
Le 12 octobre dernier, le prix Nobel d’économie a été remis à Elinor Ostrom, pour ses travaux sur les Biens Communs (à noter qu’elle est devenue ainsi la première femme à se voir décerner le Nobel en économie). Pour en savoir un peu plus sur le concept et l’histoire des Communs, ainsi que sur les travaux d’Elinor Ostrom, je vous invite à lire le billet écrit par Hervé Le Crosnier et opportunément intitulé Une bonne nouvelle pour la théorie des Biens Communs.
Il y souligne en quoi les travaux d’Elinor Ostrom ont participé au dépassement d’une vision qu’avait répandue le socio-biologiste Garrett Hardin en 1968, dans sa fameuse « tragédie des communs » :
Hardin considérait l’usage abusif de pâturages communs par des bergers, chacun cherchant à y nourrir le plus grand nombre d’animaux… au point de réduire la quantité d’herbe disponible. Ce modèle du « passager clandestin », qui profite d’un bien disponible sans s’acquiter de devoirs envers la communauté, reste le modèle abstrait de référence ; un modèle simpliste […]. Avec de telles prémisse, la conclusion de Hardin s’imposait : « le libre usage des communs conduit à la ruine de tous »
L’apport d’Elinor Ostrom au débat consiste notamment à rappeler que :
pour Hardin, les communs sont uniquement des ressources disponibles, […] en réalité ils sont avant tout des lieux de négociations (il n’y a pas de communs sans communauté), gérés par des individus qui communiquent, et parmi lesquels une partie au moins n’est pas guidée par un intérêt immédiat, mais par un sens collectif.
On peut discuter sans fin sur la signification de « être guidé par un sens collectif », mais on ne saurait nier que l’être humain est un être social, qui construit sa sociabilité en particulier à partir de biens communs (publics).
Dans nos sociétés baignée de numérique, il faut bien entendu envisager le caractère spécifiques des « ressources », quand elles sont précisément numériques : en particulier un coût de reproduction marginal qui tend vers zéro, et non-exclusivité (a priori) dans leur usage.
Cela est souvent rappelé à l’occasion de multiples débats (tels que sur l’Hadopi). Mais il convient également de réinterroger les problématiques de gouvernance, celles évoquées ci-dessus, celles qui traversent des « lieux de négociations » qui désormais s’étendent aux territoires numériques (l’Internet) comme autant d’espaces publics.
En gros, et même si les analogies sont toujours hasardeuses, on pressent bien qu’il va falloir considérer désormais des « pâturages de biens communs numériques » (Hervé le Crosnier cite de multiples exemples, dont bien entendu les logiciels libres, mais également la recherche, l’art et la culture, etc.).
Hervé Le Crosnier souligne très justement à mon sens, qu’il faut prendre garde de ne pas présumer que ces Communs sont « inépuisables » et «qu’une abondance numérique est venue». Et se méfier des « nouvelles enclosures »… A quoi on pourra ajouter en résonance avec la pensée écologique, qu’il serait également opportun de ne pas stériliser ces nouveaux pâturages…
Bref pour en revenir à Drupal et amender le dossier : cf. la liste des sites utilisateurs de ce CMS. Excusez du peu… preuve de plus à verser au dossier (s’il en fallait… dans le domaine logiciel cf. les parts de marché d’Apache et son rôle majeur pour l’Internet, ou les presque 30% de Firefox, ou encore le succès de Linux au-delà du poste de travail) : non ! « le libre usage de communs ne conduit pas à la ruine de tous » (il semble qu’il s’agit bien plutôt de déplacements dans la chaîne de valeur).
La communauté francophone Drupal se réunissait donc le 9 octobre, avec pour ordre du jour pour les participants de « proposer ses services et ses projets pour organiser et promouvoir Drupal en France. »
Je m’y suis rendu du fait de mon/notre intérêt pour Drupal, l’Agence Limite proposant d’ores et déjà cette solution à ses clients. Et avec l’idée de participer bien entendu à la promotion de Drupal à terme, sous une forme ou une autre.
C’est toujours un plaisir de rencontrer des gens passionnés, et compétents. En l’occurence c’était une réunion en petit comité, avec de nombreux sujets abordés, notamment (et très pragmatiquement) des questions que se posent toutes les communautés : comment organiser au mieux l’interaction avec son public (par exemple comment organiser au mieux la gestion des forums), comment fournir une documentation lisible et pertinente, comment organiser les traductions, etc.
Et puis à noter qu’a été évoquée la création d’un groupe de travail marketing, pour organiser la promotion de Drupal auprès d’utilisateurs potentiels. A suivre..