Si vous avez raté la polémique, Jean-Marc Morandini a fait un papier là.
Les limites du respect de la dignité des personnes : regardez ce film qui ne sera pas diffusé, alors que c’est un des plus beaux qui aient été réalisés pour mobiliser le public sur la cause Alzheimer. Outre sa qualité, son efficacité ne fait aucun doute à mes yeux : il est de nature à faire comprendre au public qu’il faut agir contre ce fléau.
[youtube]http://www.youtube.com/watch?v=C8EWWCNhFao[/youtube]
Ce que dit la soeur d’Anne Roumanoff, qui a fait pression sur l’association pour qu’elle ne la diffuse pas à l’occasion de la Journée Mondiale de lutte contre cette maladie (le 21 septembre) est absurde, les malades n’y sont pas présentés comme des monstres, mais simplement effrayants, méconnaissables pour leur entourage, ce qui correspond à ce que beaucoup de mes amis, proches d’une victime, m’ont confié.
L’Association aurait dû le faire évaluer auprès de familles et de malades dans le cadre d’une étude quali. Elle n’aurait, bien évidemment, jamais dû céder et encore moins présenter des excuses! Si une instance morale supérieure de la publicité, indépendante et paritaire, existait, elle aurait pu obtenir un arbitrage objectif et on évitait ce gaspillage. Car n’oublions pas que c’est l’agence Saatchi & Saatchi qui paye les pot cassés.
Personnellement, je trouve que confondre les malades avec la maladie est une erreur de casting dans ce film. Honnêtement, le film rend l’existence même du malade insupportable, ce qui va à l’encontre de la cause qu’on défend (qui est de les aider, pas de croire au produit miracle qui éradiquera Alzheimer demain).
Maintenant, interdire un film est idiot à ce niveau-là…
Ok Michel, tu connais les donateurs beaucoup mieux que moi.
Sur le plan pub, je trouve néanmoins ce film fort : c’est une cause très difficile pour mobiliser des publics non concernés, je devine que l’Association a dû subir des contraintes internes fortes. Mais je connais des familles qui vivent exactement ce que Saatchi parvient à montrer en quelques images saisissantes : une famille ne reconnaît plus un proche et c’est vrai que c’est une situation… « horrible ».
Je serais tout de même curieux de connaître l’avis de malades en phase précoce…
Lorsque j’ai participé à la campagne sur les Orphelins de la Police, la première réaction de certaines veuves, veufs ou enfants aux images d’enterrements de policiers que nous avions reconstituées était très négative. Ensuite, ils se sont mis à la place des personnes qui n’ont pas vécu leur expérience, les personnes sont ils sont besoin, et ils ont décidé de participer à la campagne.
Le tord de celle-ci est peut-être celui d’une agence classique, qui n’est pas allée valider (et pourquoi pas présenter ?) son idée avec les malades et leurs proches.
choquer est un levier, mais ce n’est pas toujours le plus efficace. Pour avoir contribué à faire reconnaître l’Alzheimer comme une maladie au moment où sa définition était plutôt » Papy est gaga », je dois admettre que je suis aussi tombée dans ce piège en proposant une campagne basée sur le visuel d’un cerveau grignoté par une souris… une campagne choc qui a été enterrée avant de voir le jour à mon grand désespoir du moment et à ma grande reconnaissance peu après !
C’est le vieux débat de l’impact
La clé doit être la sensibilité des familles et des malades eux-mêmes, en tout cas qu’ils comprennent pourquoi on choisit un registre
Soyons clairs, je ne critique pas l’agence, ni son travail (et je ne connais pas mieux les donateurs que quiconque, pour être complet, mais c’est gentil de le croire ;).
En plus, je suis assez d’accord pour ne pas amener de consensuel dans ce type de démarche, en utilisant des « experts », des panels ou encore des familles concernées. En général, à la fin, ça donne un truc mou qui ne veut plus rien dire, tellement l’amalgame des avis contraires est un exercice difficile.
Je suis de ceux qui pensent qu’une idée créative ne se négocie pas, elle se valide ou non. Donc oui pour une présentation, non pour une négociation.
Ici, j’aime bien le côté « sharp » du discours. C’est clair, sans concession, direct.
Il me semble que, en effet, le film répond à un des objectifs que je pressens, révéler, concerner ; et le levier du choc visuel est parfaitement adapté pour atteindre ce genre d’objectif, c’est enfoncer une porte ouverte que de le dire.
On est loin ici du film WWF de DDB Brazil qui choque gratuitement, en prenant une cause pour une autre, sans justification, sans base, et selon moi sans talent.
On en est vraiment très loin…
En revanche, si le film France Alzheimer a de nombreuses qualités, il me semble qu’ils ont réussi a concerner pour la cause Alzheimer, mais pas pour leur cause : les actions, le soutien.
Or, Alzheimer est une grande cause nationale, qui n’a plus vraiment besoin de notoriété. Peut-être de plus de réalité, c’est vrai… On cache toujours les malades dont le stade est avancé. Et encore là, il ne faut pas confondre pudeur et pudibonderie…
L’association, France Alzheimer a, elle, besoin de notoriété.
Le film ne me dit rien sur France Alzheimer : l’association s’approprie juste la maladie, de manière réaliste peut-être, mais sans proposer quoi que ce soit.
Aucune solution, c’est aussi aucune motivation à adhérer, comprendre ou soutenir.
Poser un problème sans ouverture : le film est beau, et il n’apporte que de l’angoisse. Je ne suis pas particulièrement convaincu par la méthode, sinon le côté cynique, choquer pour être retenu, quelle que soit la méthode.
Et encore là, si je retiens, je fuis. Je retiens que Alzheimer est insoutenable (merci, je sais déjà, du vécu, même s’il est indirect), je ne retiens ni le nom de l’association, ni ce que fait France Alzheimer (normal, on ne m’en a rien dit).
Tant qu’à aller dans les réalités, je préfère « Se souvenir des belles choses », si vous l’avez vu ( http://www.allocine.fr/film/fichefilm_gen_cfilm=28605.html )
Évidemment, ça ne fait pas 30″… C’est aussi angoissant, mais ce qui angoisse, c’est qu’on a envie de faire quelque chose sans pouvoir le faire, parce que le film nous enferme. En reprenant le concept à l’envers, France Alzheimer ou l’agence aurai(en)t pu aller dans ce sens, en nous ouvrant une porte.
Enfin, d’un point de vue personnel (donc subjectif et biaisé par ma surexposition à ce type de problèmes), si je ne suis pas contre le côté choquant -qui me connaît peut confirmer-, je commence à être lassé par cette vision purement anxiogène et culpabilisatrice (deux mots de pubards, désolé) qu’on nous répète à coups de pubs grandes causes et de séries télé soit-disantes disruptrices (et encore un).
Il existe d’autres manières de mémoriser que l’angoisse, surtout pour mobiliser.
Allez, je m’ose à une possibilité : l’espoir, malgré tout ? C’est là-dessus qu’on bâtit les religions…
Je te rejoins sur le fait que quoiqu’il en soit ce film n’apporte pas grand chose à « l’annonceur ».
C’est hélas le cas de beaucoup de campagnes grandes causes:-)
Sauf les bonnes.
Très bon slogan:-)
… Et c’est bien le problème : justifier son point de vue et son existence face à un problème (voire la rendre pérenne par des dons) devraient être les premiers mots de chaque brief de chaque annonceur grande cause.
C’est un peu facile de se limiter à la notoriété. Ça permet d’être moins efficace pour une grande cause que pour une entreprise. Aujourd’hui, les constructeurs automobiles vendent plus de bagnoles sur des arguments de sécurité routière que la Sécurité routière ne réussit à limiter le nombre d’accidents de ces mêmes bagnoles.
Dépasser ces limites, c’est bien pour ça que LIMITE existe, non ? 🙂
Oui mais pas de vitesse!
Est-ce que le problème n’est pas celui du média ?
Ce type de film a peut-être sa place sur le site de FA ou sur une chaine spécifique FA sur Dailymotion ou Youtube. Il y est « contextualisé ». Il y a un appel au don, la possibilité d’en savoir plus sur la maladie et la prise en charge des malades, etc.
Sur un écran de télévision, il ne tient que par lui-même. C’est sa force (il est esthétique, choquant,…), mais aussi sa faiblesse (le travail de FA n’est pas montré,…).