Faire du « mauvais esprit » est un levier très puissant, un droit inaliénable pour les individus et une chance collective pour la démocratie, je l’ai toujours pensé et toujours défendu, même si j’ai souvent expérimenté le contraire ou les conséquences négatives qu’il peut y avoir à « cracher dans la soupe » (incompréhensions, sanctions, déstabilisation personnelle…).
Dans le numéro 68 de l’excellent CQFD (Ce Qu’il Faut Détruire), la rubrique « Faux ami », qui est à CQFD ce que le concept « d’écotartuffe » est au Journal de la Décroissance, est dédiée au « Microcrédit, macro-usuriers ». Et là comme souvent après un article qui fait du « mauvais esprit », je suis partagé et perplexe.
Je comprends que CQFD se paye le luxe de critiquer les taux d’intérêt accordés par les IMF aux artisans et paysans du Sud et les méthodes parfois cavalières dans le recouvrement des créances, je comprends aussi qu’ils écorchent Yunus et la « Grameen Bank (partenaire de Danone) » et également Attali car là aussi il y a matière à débat et à polémique. Donc je me dis que c’est normal, d’autant que le journal pointe que les solidarités communautaires, le troc et les tontines n’ont pas attendu les « pontes et les nouveaux mécènes du microcrédit » pour exister et que c’est même plutôt le contraire désormais puisque cette nouvelle possibilité s’impose parfois en concurrence avec les « anciennes méthodes ».
Mais après sur le fond, CQFD « se fait en fait » la forme actuelle et « tendance » du microcrédit d’aujourd’hui, mais cela ne disqualifie pas le concept en général et l’ensemble de ses applications. Maria Nowak par exemple en tant que patronne de l’ADIE (Association pour le Développement de l’Initiative Economique) travaille depuis plus de 20 ans à prêter aux « pauvres de France » pour qu’ils créent leur propre emplois et d’autres emplois si possible, ce à taux zéro à des taux se situant entre 9 et 15% (merci jehan) et sans communication outrancière.
Parce que l’humilité et la modération budgétaire sont au centre de ce que nous appelons la communication responsable, il est important de saluer l’ADIE et d’ironiser avec CQFD sur les dérives médiatiques et opérationnelles du microcrédit.
Le débat existe également concernant le commerce équitable, et il est aussi sain de l’avoir…
Rectificatif: Dans ton article tu explique que l’ADIE propose des taux d’intérêt à 0%. Il y a une erreur. Car le taux d’intérêt de l’ADIE est entre 9 et 15%. J’ai fait un article sur cette structure pour un journal d’Aulnay sous bois. La représentante de l’ADIE m’a expliquée que l’utilité de l’ADIE résidait dans la facilité de prêt aux personnes en difficulté notamment pour des petites sommes à partir de 1000 euros pas forcément dans le taux d’intérêts. Elle m’a même dit que leur taux est souvent supèrieur aux banques et qu’elles empruntaient aux banques pour pouvoir prêter « aux pauvres de France »
Un blogue de réflexion (souvent lapidaires) sur la micro-finance : http://benoit.granger.micfin.eu/