D’abord les politiques, Karoutchi, puis Paillé : rien de notable, tout des notables. Pro, quoi. Par contre, le discours de la représentante du PS dénote peu de conviction et d’investissement sur les sujets diversité : « Nous avons en commun avec le CRAN, Michel Viviorka (…) et l’avenir »… lointain, pense l’assistance. Le prometteur représentant des Verts, Mickaël Marie, s’attarde sur la campagne sosie d’Obama, que LIMITE a menée pour aider le CRAN à médiatiser ses propositions en matière de lutte contre les contrôles au faciès.
Yazid Sabeg parlera longtemps, très longtemps. A la fin, plus personne ne l’écoute, mais l’idée générale est qu’aucune des propositions des associations représentant les minorités visibles (inscription de la diversité dans la constitution, réforme des statistiques, conditionnement des aides aux entreprises, etc), ne sera suivie. Mon voisin, un chef d’entreprise d’informatique noir, me raconte comment, à force de croiser tous les matins, Gare du Nord, des jeunes qui lui disaient qu’ils ne savaient pas quoi faire, il a décidé de monter, avec l’aide du CRAN, une association pour les aider à bénéficier des nouvelles aides à la création d’entreprise : dix fois plus intéressant !
Extraits du discours du Pdt Patrick Lozes, aux accents 50% Martin Luther King – 50% Clémenceau : « Ce qui manque en France, ce n’est pas la solidarité, la générosité, c’est le courage politique (…) Les jeunes des minorités visibles sont en France vus par les politiques, au mieux comme des fardeaux, au pire comme des ennemis (…) Songez que nous aspirons encore, en 2009, à l’égalité promise en 1789 (…) Quand on pense qu’on se félicite des 30 000 reconductions à la frontière ! En fait, on se tire une balle dans le pied ! »
Eric Besson, l’ancien secrétaire national socialiste devenu Ministre des migrations et de l’identité nationale (« Moi l’identité nationale, je la revendique »), confirme la ligne de discours de Yazid Sabeg : pas la peine de changer la constitution, la dynamique de l’action suffit. C’est la ligne défendue au même moment à la télévision par le Président de la République, « on écoute, mais on ne change rien », ligne qu’on retrouve dans tous les messages gouvernementaux. En tant que communiquant corporate, je ne peux qu’admirer le travail de cohérence des discours mené depuis le SIG…
C’est finalement Chloé Mortaud qui a le mieux parlé. Une amie journaliste se demande ce qu’elle va raconter dans son papier : « Pour les premiers dîners du CRAN, il y avait moins de personnalités éminentes, mais plus d’annonces. Là, ce soir, il ne s’est rien dit… ».
Peut-être parce que c’est par de nouvelles actions à forte visibilité comme le défilé du 10 mai 2008 ou la campagne sosie d’Obama, que le CRAN obtiendra, à l’approche de futures élections, de vraies annonces à son prochain dîner…
Laurent