Au sein de l’agence, nous avons des débats et des dialogues parfois très animés et c’est tant mieux. Nous ne sommes ni des « Khmers verts », ni des « Ayatollas de l’anticapitalisme » mais il y a beaucoup de nuances et de métissages entre les plus « rouges » d’entre nous (dont moi), ceux qui sont plus « verts », et dans chacune de ces 2 grandes catégories, il y en a qui sont pro-nucléaire civil et pro-OGM, d’autres pas du tout, certains sont plus ou moins keynésiens alors que d’autres sont des partisans de l’autogestion, etc.
On a décidé de publier certains de nos échanges car on est persuadé que les consommateurs, les citoyens, les consultants en agence ou les annonceurs sont eux-aussi traversés par ces schizophrénies, ses doutes et autres débats. Donc n’hésitez pas à réagir et à alimenter la réflexion, mais n’arrivez pas avec une vérité car il n’y en a pas, ni chevalliers blancs, ni archanges noirs : que des niveaux de gris…
Moi : Selon un sondage TNS-SOFRES 2008, 64% des Français disent faire des efforts quotidiens en faveur du développement durable tout en pensant que « cela a pas ou peu d’impact ». C’est un peu normal, avec les scandales de type Eco-emballage et les paradis fiscaux, Cyclamed qui va finir enfin par recycler au lieu d’incinérer, l’absence cruelle de communication sur l’amont et l’aval des produits par les marques, les multiples façon de faire du greenwashing et le fait que malheureusement les petits gestes ne suffisent pas pour sauver la planète : c’est pas facile d’y croire…
Lui : Je n’ai pas la même analyse que toi. Je pense que les gens ont plus de bon sens qu’on ne croit et qu’ils sentent bien que toutes les campagnes des pouvoirs publics et des grandes entreprises polluantes pour leur dire que c’est à cause d’eux, les particuliers, qu’on en est là, et que c’est à Monsieur tout le monde de prendre ses responsabilités, ne parviennent pas à cacher que ce sont en fait les agriculteurs et les entreprises du secteur transport et du bâtiment (logement social compris) qui représentent 80% des pollutions. Eux seuls pourraient vraiment changer les choses, mais ils ne le font pas ou peu, ou très doucement parce que cela ferait perdre leur bonus aux dirigeants et leurs dividendes aux actionnaires. Ce sont eux qui portent le plus la responsabilité de la situation écologique actuelle. Toutes les campagnes de bonnes intentions ou de culpabilisation des citoyens / consommateurs ne font que détourner l’attention pour faire oublier le cynisme d’élites tellement déphasées qu’elles ne se rendent même pas compte que leurs grosses ficelles ne persuadent plus personne.
Moi : Nous on y croit pourtant ! Et c’est à ces administrations et à ces entreprises qu’on a envie de s’adresser car ce sont elles qui ont les vraies manettes pour agir : ce n’est pas trop contradictoire ou éthiquement un peu malsain de travailler d’une part avec les ONG et d’autre part avec les entreprises et les pouvoirs publics ?
Lui : Non justement, c’est à la limite entre les activistes, les progressistes, les modérés, les conservateurs, les parlants et les agissants qu’il y a des solutions inédites à trouver ! C’est pour ça qu’on s’appelle « LIMITE » tu te souviens ?
Moi : Oui je sais… Heureusement qu’on a Internet pour changer tout ça et mettre des grands coups de pied dans la fourmilière…
Lui : C’est vrai mais Internet ce n’est pas anodin non plus, c’est pas plus « vert » ou social comme secteur que l’automobile ou le pétrole dans une certaine mesure. L’impact d’une requête Google, l’hébergement d’un site web, les composants sensibles et autres métaux lourds de nos ordinateurs et de nos téléphones ne sont pas tous éco-conçus et les lignes de codes de nos sites Internet préférés ne sont pas toutes socialement responsable…
Moi : C’est pour ça que c’est bien que nous ne soyons pas tous seuls : beaucoup de particuliers, d’associations, de collectivités et d’autres agences s’engagent, et des annonceurs aussi évidemment. Comme ton ami Alexandre Pasche qui liste dans un très bon papier les multiples raisons d’espèrer.
Lire l’article d’Alexandre Pasche dans Quelle Santé en PDF (3,5 mo)
A suivre…
bonjour à vous amis Limite,
Merci pour votre transparence, et nous raconter ainsi votre propre histoire.
Ni khmers verts, ni anticapitalistes forcenés, ce sont à la fois aux citoyens et aux entreprises, aux institutions et aux élus de jouer à un jeu où nous avons tous à tout gagner. Nous ne sommes pas dans un univers de concurrences, de luttes, il s’agit là de préserver au maximum notre environnement de vie pour sauvegarder biodiversité et l’existence humaine sur Terre. Faire évoluer la société, faire changer les sociétés, tels sont les enjeux que nous avons.
Je pense que le curseur n’a pas de place particulière dans ce contexte, ca n’est pas plus à X qu’à Y d’agir.
Et si nous choisissions de montrer :
– le beau,
– le désirable,
– l’esthétique,
– les avantages nombreux -par les exemples successifs à nourrir-
que le développement durable est la seule issue valable, qui doit prendre en compte à la fois l’humain et le social, le vivant et la biodiversité, l’écologie et l’équilibre terrestre, l’économie et les flux commerciaux réciproques, la gouvernance et la transparence, les green-IT, etc.
Montrons tout cela à nos concitoyens, avec des métriques, des indicateurs explicites, qui prouvent que le développement durable appliqué au quotidien, cette sacro-sainte éco-citoyenneté que peu pratiquent, coûte moins cher que le quotidien conventionnel et standardisé que nombre de nos concitoyens doivent subir.
Travailler avec et pour tous, entreprises et ONG, ca n’est pas malsain, c’est permettre à chacune des parties prenantes d’avancer dans des directions positives et constructives.
Belle et heureuse journée à vous 🙂
Votre projet est une belle initiative tout comme la transparence que vous faites de vos discussions en interne.
Meilleurs voeux; le changement continue…